Midnatsol
Par Marc à 16:23 :: 2008 Lofoten- Tromsö
Midnatsol: soleil de minuit en norvégien.
A 70° nord, désormais il règne en maître quant le ciel veut bien laisser tomber son peignoir gris…
Chamade est à Tromsö. La longue remontée de la Norvège est derrière. Prochaine étape : Le Spitsberg
Captain Ronen, I presume ?
Par Marc à 16:19 :: 2008 Lofoten- Tromsö
Il est à bord. Son rire retentissant résonne désormais sur Chamade. Barbe et tignasse blanche, casquette vissée en permanence sur la tête, il est venu partager le culte à Epicure sur notre esquif. Et peu importe finalement si le ciel n’a pas joué sa meilleure partie en nous arrosant d’eau. Peu importe.
Que ce soit à bord où au Rodbrygge Pub de Stokmarknes, au Skarven de Tromsö, Captain Ronen a su célébrer les délices du Talisker, ou encore de la Nordland et de la Mack les deux célébrités brassicoles locales.
Le tout accompagné d’un peu de baleine ou de phoque… Mais oui… vous devriez essayer ! (oubliez quelques instants votre conscience écolo) C’est excellent !
Vous ne le connaissez pas ? Captain Ronen, c’est Serge. Serge Ronen, correspondant de la RSR à Jérusalem, mais grand amateur des contrées nordiques, vieux compagnons de reportages, venu partager le culte de l’amitié sur Chamade.
« La morue et le saumon » : fable contemporaine des Lofoten
Par Marc à 16:14 :: 2008 Lofoten- Tromsö
Ils sont partout et leurs effluves vous chatouillent les narines dès votre arrivée aux îles Lofoten. « Ils », ce sont les séchoirs à poissons. Partout des dizaines de milliers de morues sèchent au vent. Par couple, attachées par la queue, sans tête.
La morue séchée, le symbole des Lofoten. Depuis des siècles. Avec une spécialité unique en son genre, la morue séchée mais non salée. Avec elle, pas besoin de faire la tremper dans plusieurs bains d’eau douce avant de préparer le bacalao, la spécialité chère aux Portugais ou aux Italiens. Ce sont eux d’ailleurs qui sont les principaux clients des pêcheries des Lofotens.
La morue, disparue des bancs de Terre-Neuve, victime de la surpêche, disparues des côtes du proche Atlantique, là encore victime de la surpêche, mais toujours présente en Norvège où alertés par l’affaire de Terre-Neuve, les autorités font respecter désormais strictement les quotas. La pêche à la morue n’y est d’ailleurs pratiquée qu’entre janvier et avril, le moment ou les bancs de morues viennent frayer dans les eaux du Vestfjorden.
Reste que malgré tout les prises diminuent. Et que là aussi le réchauffement climatique y est pour quelque chose. Les morues n’ont plus besoin d’entrer si profondément dans le fjord. Elles restent plus au large. Et pour les pêcheurs des Lofoten, qui la traquent essentiellement sur de petits bateaux, le trésor devient peu à peu inaccessible. C’est donc désormais l’affaire de chalutiers de plus en plus gros qui pêchent toute l’année loin des Lofoten et des quotas côtiers.
Aux Lofoten on s’adapte, et désormais les usines frigorifiques remplacent les séchoirs. Comme celle d’Aker Seefood à Stamsund. 7000 tonnes de poissons congelés envoyés en France pour la plupart.
Et pour Klaus Shiver son directeur au rugeux français teinté d’accent breton –souvenir de ses années passées chez les pêcheurs du Finistère- l’avenir de la pêche est encore radieux en Norvège.
La pêche ? C’est à voir, ne serait-ce qu’à cause du prix du gazoil. Mais du poisson assurément. Grâce à l’aquaculture, au saumon d’élevage présent désormais partout sur les côtes de Norvège. Pas un fjord, pas une baie, pas une île sans ces fameuses cages circulaires où grandit le saumon né en pisciculture. Même aux Lofoten, où bientôt sans doute, la morue ne sèchera plus que devant les « rorbus » (ces maisons de pêcheurs sur pilotis) transformés partout en résidences pour touristes.
Il faut être ULF pour peindre cela
Par Marc à 10:05 :: 2008 Lofoten- Tromsö
« Moi je ne peins que des femmes nues… beaucoup de femmes nues, des fesses, des nichons et des tétons… »
Bienvenue chez ULF M, vous êtes à Stamsund aux Lofoten. Des femmes nues, il n’y a que dans son imagination qu’il peut en trouver, ce n’est pas le climat des Lofotens qui pousse à l’effeuillage et Ulf est le premier à le reconnaître. Ulf M, artiste norvégien venu s’installer aux Lofoten, comme tant d’autres, pour la lumière. Cette lumière unique du grand nord. Des bleus d’une intensité nulle part ailleurs pareille. Bleu roi l’été, bleu sombre l’hiver. Avec pour résultat des dizaines de galeries et d’ateliers. On en trouve dans chaque village. Et tous vous parlent de la lumière, ou plutôt veulent vous en parler tout en vous disant qu’il n’y a pas de mot pour la décrire. Ulf M lui au moins y met son humour : « La lumière de l’hiver, la nuit permanente c’est déprimant… mais comme ça je peins ma déprime, et peindre chasse ma déprime ». Et chez lui pas de paysage, pas de nature morte… juste des femmes… nues. Mais qui plaisent… « J’ai vendu 59 toiles l’année dernière… et cet automne j’expose à New York pendant trois semaines, en plein Greenwich Village, en dormant au Chelsea Hotel » Ceux qui connaissent apprécieront ! Pour lui la consécration est là, et caressant sa petite bedaine, il vous dit que ça n’a pas toujours été pareil, « et j’ai souvent su ce que cela voulait dire d’avoir faim ». Son tableau fétiche : « All you need is love… » inspiré librement du tube des Beatles.
Et d’ajouter que « la célébrité c’est comme la femme, qu’il faut en profiter et l’honorer pendant qu’on peut, parce qu’on en est pas capable éternellement ! » Sacré Ulf M… Il attend votre visite, c’est à Stamsund, première escale de l’Hurtigruten aux Lofoten en direction du nord. C’est aussi un site internet www.ulf-m.com
Plus c’est haut, plus c’est beau
Par Marc à 10:02 :: 2008 Lofoten- Tromsö
Oui je sais, c’est un archi-poncif ! Mais que ça vous chante ou non, aux Lofoten, c’est plus vrai que jamais. Ici il y a tout pour réaliser le fantasme du marin-grimpeur, ou l’inverse…
Vous mettez de la mer… de la vraie… entre bleu et vert sombre, avec plein de pêcheurs, des vrais, pas de ceux du dimanche, des loups de mer, de ceux qui pêchent la morue, qui l’étripent et la sèchent sur d’immenses échafaudages de bois… Et puis vous mettez des montagnes, des vraies, des pics, du granit, dur, très dur, massif, tout d’un bloc…. De ce granit qui vous fait de ces piliers de rêve, des faces incroyables, des dièdres, des dalles, des fissures, comme dans le massif du Mont-Blanc, mais les pieds dans l’océan…
Et vous rajoutez du soleil, beaucoup de soleil… Oui je sais cela peut paraître incroyable… mais rappelez-vous, Sylvie est partie pour trois semaines, alors il fait beau… grand beau. Un soleil implacable, une lumière incroyable et cela bien sûr 23h30 sur 24 en cette mi-mai. Tiens, d’ailleurs, de la lumière il faudra en parler, on y reviendra dans le billet suivant. Et puis dernière pièce du décor, les ports, les petits ports de pêche, tous blottis au pied ou surmontés (c’est selon votre manière de voir) d’une montagne.
Alors qu’est-ce qu’on fait de tout ça… On grimpe évidemment sur chacun de ces sommets. Des sentes plus que des sentiers, raides, grimpant droit en haut, à éviter à tout prix par temps de pluie, mais qui valent vraiment l’effort par la vue superbe qu’ils vous offrent une fois là haut… là où c’est plus beau… Et ça n’est pas Caroline ou Gianmarco, les « Chamadiens » des Lofotens qui diront le contraire.