Turku : tout le monde descend
Par Marc à 16:59 :: 2009 Finlande
Cette fois-ci c’est bien terminé, nous sommes à Turku, lieu d’hivernage pour Chamade.
C’est ici que nous avions rendez-vous avec Patrik Lundström, le nouvel agent Alubat pour la Finlande. ( www.marisail.fi )
Avec ses compères Timo Yli-Heikkila et Petteri Vairio, ils ont crée une société (Marisail) qui s’occupe de locations de voiliers mais aussi de représenter Alubat et Alliaura Marine en Finlande.
Le temps de deux sorties d’essai pour les magazines de voile finlandais « Vene » et « Venemestari », et Chamade a gagné son havre pour l’hiver.
Et c’est donc dans la marina de Satavan Venepalvelu dirigée par Timo que Chamade a été tiré au sec par un ingénieux système de chariot hydraulique, beaucoup plus rapide à mettre en place qu’un travel-lift habituel. (Ils possèdent toutefois aussi un travel-lift pour bateau jusqu’à 100 pieds !).
Intéressant de constater que l’antifouling (Trilux 33 pro blanc) est propre, malgré le fait qu’il date de début 2008. Manifestement les eaux très froides sont peu salissantes et le passage en eau douce a encore facilité les choses.
La marina est très grande, et comme en hiver tous les bateaux sont sortis de l’eau (rappelons que la Baltique gèle à cet endroit durant l’hiver), la zone de terre-plein et de hangars est immense. Une grande partie des bateaux, surtout les gros yacht à moteur, passent l’hiver dans ces immenses hangars, où les équipes de Timo assurent leur maintenance.
Chamade est donc entre de bonnes mains, il peut entrer en hibernation, et nous, réaliser notre migration annuelle. Le vol pour la Suisse est prévu le dimanche 20 et la reprise du boulot le lundi 21 !
A noter que j’ai enfin eu le temps d’aller voir ce qui avait grillé dans l’éolienne durant la fameuse tempête d’avril en Norvège (vent de 135 km/h).
La réponse est simple : tout ! L’intérieur n’est plus qu’une masse noirâtre. Il faudra donc changer tout le boîtier qui contient l’alternateur.
Rappelons que les instructions du fabriquant mentionne clairement qu’il faut arrêter l’éolienne si les vents dépassent les 40 nœuds. On comprend bien pourquoi ! reste qu’en pleine tempête on commence par penser à autre chose.
07 septembre 2009
Le dîner de Babette, version finlandaise
Par Marc à 21:02 :: 2009 Finlande
(Par Sylvie)
Quand je vous disais que les Finlandais sont accueillants ! Prenez, au hasard, Monica et Shaka.
Monica est une amie de notre copine Liisa (avec 2 i) et Shaka, c’est son chien dalmatien (avec un seul k puisqu’il appartient comme sa maîtresse à la minorité suédoise de Finlande). Ils vivent seuls, tous les deux, près de Barösund (non je ne vous dirai pas comment ça s’appelle en finnois !), dans une jolie maison de bois au bord d’un étroit goulet entre deux îles de la Baltique. Nous nous sommes amarrés à son ponton où le facteur vient chaque matin en bateau, distribuer le courrier.
Petite collation à notre arrivée vers 15 heures, avec jambon, Piirakka, – ces petites galettes caréliennes au riz que nous avions déjà goûté en Carélie russe – et Munavoi , c’est à des œufs durs mélangés avec du beurre et de l’aneth, à étaler sur du pain de seigle un peu doux. Une heure de relaxation à l’étuvée dans le sauna, en fin d’après-midi, puis quelques échanges intellectuels avec Shaka qui sait se montrer à la hauteur.
C’est très cosy, chez Monica. De la cuisine, elle nous raconte Barösund, sa maison l’hiver, quand la mer est gelée, la beauté feutrée du paysage. On s’y croirait. La nuit tombe sur une ambiance du genre « dîner de Babette ». A table! On va sacrifier, en bavette traditionnelle, au cérémonial du Rapu. Une spécialité d’écrevisse finlandaise.
Avant d’avaler chacune de ces succulentes bestioles, on chante, en suédois dans le texte, et l’on porte un toast d’aquavit à l’amitié et au partage. On continue sur la lancée avec différentes sortes de poissons fumés- selon différentes méthodes – des pommes de terre et l’on achève avec une tarte aux myrtilles qui tapissent actuellement les forêts.
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Fameuse découverte de l’hospitalité et de la gastronomie finlandaise, à laquelle nous ajouterons les pommes de terres sur un lit de chanterelles à la crème et à l’aneth (toujours et partout) les pommes de terre nappées de hareng à la moutarde douce, le sikka (ferra) fumé au feu de bois et les petits pois crus.
Avec tout ça, l’idée de repasser quelques jours en Finlande, l’année prochaine, de revoir Monica et Shaka et d’aller nous faire suer à l’intérieur des terres, dans les saunas des lacs, ne nous fait pas peur du tout. La preuve j’ai appris un mot de plus :Pikaisin näkemiin (à bientôt)
06 septembre 2009
Kippis, Kittos
Par Marc à 19:08 :: 2009 Finlande
(Par Sylvie)
160 km de Baltique séparent Saint –Pétersbourg de la petite île finlandaise de Haapasaari.
Il nous a fallu moins de 36 heures de traversée pour changer de planète.
En Russie, nous avions dû apprendre à déchiffrer l’alphabet cyrillique. Mais phonétiquement, nous pouvions capter quelques mots ressemblant aux nôtres. En Finlande on peut lire mais ça nous fait une belle jambe. On ne comprend rien. Mais vraiment rien de rien. Sauf qu’il faut rajouter des doubles lettres un peu partout (en finnois, pas en suédois qui est la deuxième langue officielle ce qui ajoute encore à la confusion de nos neurones). Enfin, j’ai tout de même pu étoffer mon vocabulaire finnois (j’ai failli écrire chinois) d’un vocable: je savais déjà dire kippis (santé) et j’ai appris à dire kittos (merci). C’est vrai que les Finlandais ne vous incitent pas à faire le moindre effort pour apprendre leur langue. Ils parlent tous parfaitement l’anglais. Ce sont donc des êtres tout à fait communicants.
Bon d’accord il y a un peu de friture sur la ligne lorsqu’ils évoquent l’histoire de leur pays. Un brin nationalistes, ils idéalisent la domination suédoise par rapport à la domination russe. Et par conséquent, ils zappent facilement sur certaines périodes et leur histoire et certaines alliances inavouables, notamment durant la deuxième guerre mondiale. A part ça, ce sont des gens chaleureux et très liants – comme les Russes – . Ils engagent facilement la conversation, et vous accueillent avec une cordialité toute empreinte de simplicité. Ils adorent naviguer à la belle saison. Ils passent leur week-end dans leurs cockpits, amarrés dans des petites îles super aménagées pour les loisirs ou dans le port d’Helsinki à chanter et à boire ou à boire sans chanter, l’inverse étant plus rare.
D’abord un peu austère, Helsinki se révèle une ville très vivante où règne une atmosphère bon enfant, entre une église orthodoxe imposante, une église luthérienne imposante, la place du marché, les marchés couverts, H&M, des centres commerciaux très animés, des musées, des trams et des rues où il fait bon flâner (quand il ne fait pas – 10 degrés). Même topo à Turku, -Abo en suédois-, l’ancienne capitale de la Finlande. L’Eglise orthodoxe imposante et les trams en moins, mais un joli canal plein de bateaux –bistrots.
Dans un souci d’économies très louable, Turku s’est fait une spécialité de tout recycler en restos ou en bistrots : une banque, une école, une pharmacie et même les WC publics. Et chose curieuse, la clientèle semble avoir le profil de l’ancien établissement. Comme si les banquiers et les traders continuaient à fréquenter leur banque, les profs leur école, les souffreteux, la pharmacie. Alors que les anciens WC attirent sans distinction, tous les citoyens, qui ont un besoin pressant de remplir leur vessie.
Naviguer en Finlande : un champ de mine (mais bien sympathique)
Par Marc à 23:49 :: 2009 Finlande
Jeter un œil sur une carte marine de la côte finlandaise, c’est juste se perdre dans un fouillis, un inextricable enchevêtrement d’îlots, de cailloux, de balises, de feux, d’alignements et j’en passe. Il y en a des milliers… des dizaines de milliers… Un vrai champ de mines à hérisser les cheveux du capitaine.
Mais il y a aussi des « fairways », des passages conseillés et balisés. Très bien balisés, en latéral comme en cardinal. Des milliers de bouées et de « crayons de couleur » : des rouges, des verts et des noires-jaunes. Presque trop balisés diront certains… (private joke qu’on n’éclaircira pas !)
Car en Finlande, on navigue « par défaut ». Comme il est impossible de baliser tous les cailloux, le système prévoit plutôt de baliser un certain nombre de passages entre eux. Et le choix ne manque pas, il en en a pour tous les goûts et tous les tirants d’eau.
Et pratiquement toute la côte, de la frontière russe jusqu’à Turku, permet de se glisser dans ces passages protégés de la houle du large.
Mer calme, vents réguliers, la navigation est un délice. On passe d’un chenal à l’autre, d’un îlot à l’autre. C’est le golfe du Morbihan, mais sur 300 milles.
Un vrai délice, ponctués d’innombrables mouillages et de petits ports pour « visiteurs » des « guesthamn », allant du simple ponton à la petite marina avec douche, machine à laver et toujours le sauna (prononcez sa-ô-na).
Même à Helsinki où vous vous amarrez en plein centre ville, au pied de la cathédrale orthodoxe, à quelques mètres du marché.
Rien de tel que de terminer la journée par une petite séance de sauna, avant de déguster l’une des innombrables versions de poissons fumés (harengs, saumons ou corégones) que préparent les Finlandais. Merci à Liisa (notre amie finlandaise exilée à Rome, mais revenue au pays pour quelques jours) de nous en avoir fait découvrir les subtilités)
Une fin de saison avec un petit air de vacances, d’autant plus agréable qu’ici fin août l’été est terminé. Et pourtant Stéphane et Marine qui nous ont accompagnés de St Petersbourg à Helsinki auront pu encore profiter de la baignade… forcément revigorante en Mer Baltique
Reste à savourer les derniers milles…
Une idée : Et pourquoi pas louer un voilier en Finlande ? C’est faisable à Turku c/o Marisail.
Ils louent des Sun Odyssey et des Feeling neufs (1000 à 2000 euros la semaine).
Avec au programme l’archipel de Turku ou celui d’Öland. Fabuleux !
Contacter Patrik Lundström: www.marisail.fi
22 août 2009
St-Petersbourg-Finlande : Une dernière dose de formalités et puis s’en vont
Par Marc à 09:59 :: 2009 Finlande
Jeudi 20 août, après une semaine de dépressions continuelles sur le golfe de Finlande, avec leur lot de pluie et de vent fort d’ouest, le temps se met au beau. Ce n’est pas le moment de rater la fenêtre météo, même si l’étape risque de se faire essentiellement au moteur.
On quitte donc le Central River Yacht Club et son confort (20 euros/jour) pour faire un dernier crochet de 9 milles pour rejoindre le terminal passager du port de St Petersbourg, lieu de passage obligatoire pour une dernière dose de formalités.
Douanes, puis immigration, toujours des papiers, encore des papiers, à se demander où ils peuvent bien classer tous ces papiers. Le tout prend un peu plus d’une heure et finalement la préposée à l’immigration me raccompagne jusqu’au bateau pour une dernier contrôle de l’équipage. Tout est manifestement en ordre, elle me rappelle encore que je devrai nous signaler par VHF en passant devant Kronstadt et nous larguons les amarres.
2 heures de moteur le long du chenal principal et nous nous glissons dans la passe de Kronstadt, longtemps forteresse stratégique commandant l’accès à St Petersbourg, longtemps aussi ville fermée aux étrangers, mais qui, vu son port pratiquement vide, semblent avoir bien perdu de sa grandeur et de son importance.
Reste que le trafic est très intense puisque tous les navires se rendant à St Petersbourg doivent se glisser dans l’étroite et seule ouverture de cette immense digue qui ferme toute la baie.
Et la traversée se poursuit au moteur alors que la nuit tombe lentement sur la Baltique. Nous restons sur le bord du chenal balisé afin d’éviter les innombrables cargos qui se succèdent.
Au petit matin nous franchissons la frontière entre la Russie et la Finlande.
Nous ne sommes plus qu’à 8 milles d’Haapasaari, petite île où nous ferons notre entrée officielle dans l’Union Européenne. Et comme conseillé, nous appelons par VHF la station des gardes-côtes qui nous suit depuis déjà un bon moment au radar. Accueil d’une sobriété tout militaire, on nous indique qu’il faudra attendre 8h du matin pour procéder aux formalités, mais qu’on peut sans autre aborder au quai des douanes situés dans une minuscule baie à l’ouest de l’île.
La lumière de l’aube est magnifique, les îlots de granit couverts de sapins se reflètent dans l’eau : d’un seul coup nous avons changé de paysage… bienvenue dans la myriade d’îlots qui parsèment la côte finlandaise. Le programme paraît tout de suite alléchant.
A 8 heures précise le garde-frontière est là: contrôle des passeports, des papiers du bateau. Cela prend au moins 3 minutes… On vient de changer de monde !