“Faroe : the world’s most appealing destination » ???
Par Marc à 16:49 :: 2010 Norvège – Shetlands – Féroés
“Destination la plus attirante au monde » : C’est le titre décerné aux îles Féroés par le National Geographic Magazine.
« C’est pire qu’un temps d’automne » : ça c’est le douanier de Klaksvik qui le dit, arcbouté contre le vent et la pluie qui s’acharnent sur la deuxième « ville » de l’archipel où nous sommes venus chercher refuge le temps de laisser passer une nouvelle profonde dépression inhabituelle pour la saison (969mb).
« Non… ils n’annoncent pas vraiment du vent fort… seulement 30 à 35 nœuds » Voilà pour l’évaluation du Harbour Master de Klaksvik, premier port de pêche des Féroés, qui vient de nous désigner une place abritée pour y amarrer Chamade. Comme quoi les avis sont partagés.
Et ce matin au petit-déjeuner, sous une pluie battante, après une nuit où le vent a soufflé à 40 nœuds, les avis sont tout aussi partagés à bord de Chamade quant à l’« appeal » des Féroés.
Pour résumer : -Il y a ceux qui sont fascinés par la rudesse du paysage, par son austérité, par l’isolement des ces villages accrochées au flan des montagnes, par le jeu des couleurs, ces verts incroyables révélés par le moindre rayon de soleil sur les falaises. Une nature splendide dans cet archipel sorti de nulle part, au milieu de l’Atlantique nord, aux falaises battues par les tempêtes.
-Il y a ceux qui trouvent que décidemment il faut être dingue pour vivre ici, dans ce coin où il pleut 220 jours par an, où 13° fait office de canicule, où le plafond des nuages est si bas qu’on baisse la tête en marchant. Autant dire que le climat ne laisse guère l’occasion de profiter des merveilles décrites ci-dessus.
-Il y a ceux qui trouvent tout cela sans âme, mort, froid, déprimant. Rien de tel que de se balader dans Klaksvik pour argumenter. 4700 habitants, 3 stations-service, 3 supermarchés, 1 Rusdrekkasola Landsin (magasin du monopole d’état sur la vente d’alcool), 1 bibliothèque publique, 1 hôpital régional, 1 bar à pizza, 1 restaurant ouvert dès 18 heures et pas un seul bistrot pour boire un verre !
-Ils a ceux qui trouvent les habitants sympas, oui. Mais encore faut-il les rencontrer. Avec un temps pareil, c’est tous aux abris !
-Enfin il y aurait toutes ces merveilles décrites par la (très bien faite) brochure de l’office du tourisme. L’âme du pays, sa culture, son attachement à sa langue séculaire, ses villages préservés… Sans doute, mais comme déjà dit, encore faut-il pouvoir en profiter.
Alors qui a raison ?
Pour départager, nous nous proposons d’organiser un nouveau colloque public le mois – l’été – le siècle – (biffer ce qui ne convient pas) prochain à Klaksvik. Les inscriptions sont ouvertes.
Et pour l’Islande… on attend toujours que la fenêtre s’ouvre .
Cap vers les îles Féroé
Par Marc à 12:35 : 2010 Norvège – Shetlands – Féroés
Elle ne durera pas longtemps, il faut donc en profiter.
25-30 noeuds de sud-est, de la houle, des vagues, des surfs… la traversée fut superbe!html//////
Marin des Féroé, marin qui ne craint rien
Par Marc à 12:45 :: 2010 Norvège – Shetlands – Féroés
Chamade est en attente, sous la grisaille de Symbister, petit port de l’île de Whalsay. Quelques milliers d’habitants, mais qui affrètent de sacrés chalutiers pélagiques.
Nous voilà le regard rivé sur les fichiers météos.
Au programme, la traversée des îles Shetland aux Féroé. 200 milles en plein Atlantique nord. Et une dépression de 972 millibars, sacrément creuse pour la saison. Autour d’elle les vents atteignent 35 nœuds sur son flanc nord et 50 sur son flan sud. Pas vraiment le moment de bouger.
De quoi se rappeler que la zone n’est pas franchement récréative et que les conditions météos y sont souvent… « toniques ».
Mais si nous, nous nous interrogeons, ceux des Féroé n’ont manifestement pas les mêmes critères. Il suffit de voir leurs bateaux amarrés à Lerwick, ici aux Shetlands.
Dire qu’ils n’ont pas hésité à faire 200 milles sur ces coques de noix pour venir boire une bière aux Shetlands !
Car c’est sans doute l’une de leurs motivations, à en croire les innombrables cannettes qu’ils embarquent dans leurs coques de noix. (Il faut rappeler qu’aux Féroé l’alcool est très lourdement taxé).
Deux jours plus tard, la dépression semble stable. Elle monte un peu vers le nord en se comblant légèrement.
30 nœuds sur son flan nord-est, plein portant… ça devrait être jouable.
Demain matin nous quitterons le mouillage de Burra Firth, tout au nord de l’île de Unst.
La traversée devrait être rapide.
Faire le fou à Unst
Par Marc à 12:31 :: 2010 Norvège – Shetlands – Féroés
Un coin connu des amateurs d’oiseaux marins qui viennent de loin pour assister au spectacle.
Nous avons donc fait comme eux… et nous n’avons pas été déçus!html//////
Fish and Sheeps
Par Marc à 13:23 :: 2010 Norvège – Shetlands – Féroés
(Par Sylvie)
A quoi tient le destin des hommes, tout de même ! Si les Shetlandais sont devenus Ecossais (et donc British par la suite), c’est à cause d’une vulgaire histoire de dot :
Le roi du Danemark avait donné sa fille Margaret au Prince James d’Ecosse (le futur Roi James III). Faute de pouvoir payer cash la dote promise, il offrit à son beau-fils un petit coin de ses terres : les îles Shetland, qui devaient lui être restituées lorsqu’il aurait payé sa dette. Mais comme il ne paya jamais rien, les Shetland restèrent écossaises.
A l’époque quelques pêcheurs et quelques paysans demeuraient sur ces îles. Aujourd’hui, c’est pareil. Les 26.000 habitants des Shetland vivent toujours, de la pêche et de l’élevage de saumon et de leurs moutons. Sans machine à sécher le linge (qui flotte au vent dans les jardins), mais avec du pétrole. Près de Lerwick se trouve un important terminal pétrolier.
Mais revenons à nos moutons shetlandais : oui nous avons bien répertorié, comme mentionné dans les guides, 50 espèces de moutons. Une variété insoupçonnée de pulls, de chandails et autre tricots à quatre pattes qui vaquent à leur unique occupation : brouter et crotter la lande, dans tous ses recoins. Vous trouverez sur la planche, ci-dessous, une sélection de quelques espèces savamment identifiées.
Et comme dirait, Monsieur Panurge, les moutons shetlandais ont un curieux effet de mimétisme sur certains bipèdes de passage.
Cela dit, les Shetlands ça se visite aussi (et surtout) pour sa nature solitaire et authentique. Une nature qui comme toutes les belles se donne à voir sous les projecteurs de quelques coups de soleils au travers de ses ciels bas et menaçants. La lande déploie alors, à perte de vue, toute sa gamme de verts, du plus tendre au plus fluo, avant d’aller s’abîmer dans la mer, au gré des falaises où nichent les oiseaux.
C’est là que j’ai eu le coup de foudre pour les Fous de Bassan, majestueux planeurs à l’œil de braise, soigneusement maquillé à la Nefertiti.
Et voilà qu’il nous prend aussi l’envie de planer
D’une rive à l’autre de l’Atlantique nord
Par Marc à 13:04 :: 2010 Norvège – Shetlands – Féroés
(Par Sylvie)
A peine trente heures de mer et nous avons changé de monde.
Fini l’été scandinave, les pimpantes petites maisons de bois bleues et rouges. Adieu les petits ports de plaisance cosy, aménagés au poil pour les plaisanciers avec tous les conforts de la modernité. Finis les saumons crus ou cuits subtilement fumés, les parfums d’aneth.
Nous voici débarqués à Lerwick, dans l’univers « rough » des Shetlands, scottish, désuet et gris à souhait :
Grises, les maisons de briques taillées comme des créneaux de châteaux forts, gris le port où s’entassent pêle-mêle des bateaux de pêches et des bateaux de plaisance, à couple les uns des autres, grise la mine des habitants et la nôtre lorsque nous nous voyons servir un vulgaire fish and chips, dans la très victorienne salle à manger du Grand Hôtel. Sur la carte, cela s’annonçait comme du « deep fried Haddock à la mode de Unst ». Vive la gastronomie british !
D’une rive à l’autre de l’Atlantique nord, le contraste est saisissant, même si les Scandinaves et les Shetlandais sont tous des descendants des Vikings. Mais la couronne britannique a visiblement laissé des traces plus profondes que les monarchies d’en face.
Passé le premier choc thermique et de civilisation, nous finissons par trouver quelques attraits à la grisaille de Lerwick et un certain charme à l’accent rocailleux des Shetlandais qui , visiblement, « ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors », comme dirait mon copain Enrico. On nous salue d’un petit signe de la main et partout on nous accueille avec simplicité et chaleur. Comme Alex, Valery et Marina qui ce samedi, sont de service dans les bureaux des gardes-côtes.
En tant que « watch officer » Alex diffuse les bulletins météo et le bulletin des marées toutes les trois heures, reçoit les appels téléphoniques ou les appels radio des bateaux, leur indique la route et coordonne, en cas d’urgence, les contacts médicaux ou l’envoi des secours.
« Notre job, dit-elle, c’est 75% routine, 20% d’attente et 5% ou nous sommes en tilt ». Cela peut aller de l’évacuation médicale, au sauvetage d’un chien tombé d’une falaise ou à l’intervention lourde en cas de naufrage. « L’autre jour, nous sommes parvenus à sauver un homme qui était resté 45 minutes dans l’eau », raconte l’équipe féminine des coast guards.
Huit femmes sur un staff de 20 personnes sont actuellement en poste dans le service des gardes côtes…Ne pas se fier aux apparences « old fashion » des Shetlandais. Ce qu’Alex et Valery aiment le plus dans l’archipel réputé pour son aspect sauvage, c’est « le sentiment de sécurité » qu’elles ressentent à y vivre, dans un milieu où tout le monde se connaît. Elles aiment cette façon qu’ont les Shetlandais de faire perdurer les traditions, à rebrousse-poil du temps. Et puis, les Shetland c’est beau, c’est fort . « J’habite une ferme à une vingtaine de kilomètres de Lerwick et de ma fenêtre je peux voir les loutres et les phoques », assure Alex. Bien sûr l’hiver est long et le soleil rare la majeure partie de l’année. « Mais quand il est là, nous savons le déguster mieux que quiconque », ajoute Valery.
Nous aussi, nous aimerions goûter un peu, de ce soleil. Surtout que nous allons nous mettre au vert qui habille les Shetlands, à l’observation des oiseaux sur les falaises et à l’étude des moutons – pas sur les falaises – . Il parait qu’il y a une cinquantaine d’espèces de moutons shetlandais. De quoi nous occuper les prochains jour ou nous endormir définitivement en les comptant. En attendant nous avons surpris l’équipe locale en train de s’entraîner frénétiquement pour le mondial du Brésil.
Pris au filet sur la route du pétrole
Par Marc à 21:37 :: 2010 Norvège – Shetlands – Féroés
225 milles au travers des plates-formes pétrolières de la mer du Nord.
Une traversée qui devait nous réserver quelques surprises!html//////En guise de commentaire:
Notre chance fut de prendre finalement ce bout de filet alors que nous étions à la voile. Il s’est contenté de s’accrocher sur les pales de l’hélice. Si cette « prise de mer » s’était faite alors que nous marchions au moteur, le blocage de l’hélice, outre le calage instantané du moteur, aurait pu provoquer de gros dégâts, comme par exemple le voilage de l’arbre d’hélice ou encore l’arrachage des silent-blocs du moteur. Bref plus de peur que de mal!
Stavanger : La boucle est bouclée
Par Marc à 22:22 :: 2010 Norvège – Shetlands – Féroés
Chamade à Stavanger, c’est la boucle scandinave qui est bouclée.
Il y a 3 ans, à l’aube du 19 août 2007, c’était l’atterrissage en provenance de Peterhead en Ecosse. La nuit était noire, la pluie battante et dans le jour naissant, Stavanger nous avait paru tellement triste, que nous avions passé tout droit pour rejoindre le Lysefjord, l’un des plus beaux de Norvège.
Il était donc temps de rattraper le temps perdu et d’aller vérifier sur place si la ville mérite les commentaires flatteurs entendus depuis lors.
Depuis Tananger, où nous sommes ammarés, il nous reste à sauter dans le bus. Mais nous n’avons plus de monnaie, et y’a plus de sous. C’est la grève chez Securitas, qui est, entre autre, chargée d’alimenter les distributeurs de cash. C’est finalement un passant, fort sympa qui nous changera 50 euros !
Ah, oui, vous n’en avez évidemment rien à faire de ces détails triviaux. Alors Stavanger ?
Sympa, c’est vrai. Une vieille ville tellement « ripolinée » qu’elle renvoie le Balenberg à l’état de ruines sauvages. Mais de l’autre côté de la grande darse du port, le vieux quartier commerçant est nettement plus vivant, avec ses nombreux pubs, où nous suivront une mi-temps (médiocre) du match Suisse-Chili, dans l’indifférence quasi générale. La Norvège n’est pas qualifiée, alors la Coupe du Monde : la majorité s’en tamponne. (Même si le foot est le sport national numéro deux, après le ski de fond, mais avant le hockey sur glace).
Mais ce que nous retiendrons finalement de Stavanger, c’est son musée du pétrole.
Remarquable. Une vraie découverte du gigantisme et de la réalité de l’exploitation pétrolière off-shore en mer du Nord. Un monde qui ne semble définitivement plus à taille humaine. Passionnant !
Stavanger, au final, mérite vraiment l’escale.
L’affront est réparé… on peut quitter la Norvège.
(Enfin pas tout-à-fait puisqu’ayant oublié l’appareil de photo, nous n’avons pas pu immortaliser ces retrouvailles!)
Du nord-ouest… toujours du nord-ouest
Par Marc à 22:18 :: 2010 Norvège – Shetlands – Féroés
Un bel anticyclone est désormais installé sur le nord de la Grande-Bretagne. Résultat, le soleil brille, le temps est magnifique… mais le vent est obstinément bloqué au nord-ouest. Et justement, vous l’avez compris, la route à suivre est nord-ouest. Au moins jusqu’à Stavanger d’où nous pourrons envisager de traverser vers les Shetlands.
Ca souffle bien : plus de 20 nœuds la journée le long de la côte, 25 à 30 au large. Et les distances sont longues entre le cap de Lindesnes et Stavanger. Et sans passage possible à l’abri des îles.
Heureusement, le vent tombe vers minuit, laissant une fenêtre de 6 à 7 heures pour faire route au moteur. Il faut donc en profiter, et Gaëtan en fait les frais, puisqu’à peine est-il descendu de l’avion que nous quittons Christiansand vers le nord. La mise en route est pour le moins rude. Mais la première partie est en eaux abritées, pas de problème donc. A 23 heures nous sommes obligés de sortir des chenaux abrités, mais sans balisage lumineux. Hélas, la mer est beaucoup plus forte que prévu. Impossible de passer en force au moteur. Nous jetons l’ancre au plus vite derrière l’île de Odd, dans les dernières lueurs du jour.
A 3h30 il fait suffisamment jour pour repartir, mais par un nouveau passage à l’abri des îles. La lumière est magnifique et c’est l’occasion de découvrir une région splendide, celle qui se cache juste à l’est du cap Lindesnes que nous atteignons à 6h30. Le vent est faible, la mer encore bien formée, Ca tape un peu, ça mouille, ça cogne…. Mais ça passe.
3 heures plus tard, nous doublons Lista alors que le vent se relève. Il est temps de chercher un abri : ce sera Kirkehamn, un tout petit village niché au fond d’un cirque rocheux, qu’on atteint, en venant du sud, par un minuscule passage entre les falaises. A peine 10 mètres de large.
Le lieu ne manque pas de charme : tant mieux. Demain vendredi, et samedi, la météo annonce 40 nœuds de nord-ouest au large et 30 près des côtes.
Chamade fait donc relâche pour 2 jours.
Il nous faudra encore deux départs à 3 heures du matin pour finalement rejoindre Tananger, ancien port des pilotes de Stavanger, et devenu LE port de ravitaillement des navires qui font la navette avec les plates-formes pétrolières de la mer du Nord. (Heureusement le port pétrolier est à 1 km de l’ancien port qui a préservé ainsi son charme et sa quiétude)