(Par Sylvie)
Il était une fois, à Rapa Nui (l’île de Pâques) une jeune femme blanche, belle, blonde. Explosive, comme jadis les trois volcans de l’ile.Ses longs cheveux s’enroulaient autour de son corps, comme l’écume des vagues sur les récifs de cette terre du bout du Pacifique.
Elle était venue de loin, très loin, à la recherche d’une légende. Celle de Nikorima, un guerrier polynésien au visage a moitié tatoué Une merveilleuse légende qu’elle avait entendue un jour, à la radio, dans son pays natal. C’est à ce moment là qu’elle avait décidé de devenir conteuse et de dénicher l’origine de sa légende polynésienne. Quelqu’un de là-bas lui avait fait croire qu’elle la trouverait aux îles Marquises. Alors elle s’envola vers Nuku-Hiva. Elle alla à la rencontre des anciens qui lui racontèrent beaucoup de leur vie et des légendes marquisiennes. « Mais ta légende de Nikorima, lui dirent les vieux, elle n’est pas de chez nous. Peut-être la trouveras-tu Rapa Nui, à l’île de Pâques qui, il y a bien longtemps, fut peuplée par nos ancêtres marquisiens ».
La jeune femme raconta les légendes des Marquises, dans des livres et sur les scènes où elle se produisait. Elle les récitait, elle les mimait, elle les chantait, elle les dansait avec l’agilité des poissons, avec la grâce des oiseaux et ses longs cheveux blonds, s’envolaient dans les airs.
Mais il lui manquait toujours quelque chose pour être heureuse: sa légende inconnue des Marquisiens. Et comme ces derniers, le lui avaient conseillé, elle alla la chercher jusqu’ à Rapa Nui. Mais là-bas non plus, personne n’avait entendu parler de sa légende. Elle était déçue, mal à l’aise sur cette île. Autant elle avait adoré les Marquises et ses habitants, autant elle commençait à détester les Rapanui, des êtres rugueux, au contact pas toujours facile. Un jour qu’elle s’était disputée avec une femme de Hanga Roa, elle alla verser des larmes de rage et d’amertume au bord de du récif, non loin du lieu où se dressent cinq moai, à la mine renfrognée, aux lèvres pincées qui la regardaient de haut.
Ah! Elle aurait tant voulu se trouver ailleurs, quitter ces lieux inhospitaliers. Elle avait défait ses cheveux qui flottaient dans le vent qui lui giflait de visage, sans parvenir à sécher ses larmes. Soudain, elle vit au loin un cavalier qui l’observait, immobile.
Méfiante, elle vit s’approcher sur sa monture un jeune et beau Rapanui et quand il voulut lui adresser la parole, elle explosa et déversa sur lui toute l’aversion que lui inspirait cette « isla de mierda ». Piqué au vif, le fier cavalier, lui répondit : « tu ne connais pas mon île. Monte! « . Séduite, la jeune femme monta en croupe et partit avec son cavalier à la découverte des pierres sacrées de l’île. Ils ne se sont jamais plus quitté. Elle vit désormais avec lui et leur petite fille, sur la mystérieuse et fascinante l’île de Pâques.
Parfois, quand elle les dénoue, ses longs cheveux s’enroulent autour d’elle comme un filet autour d’un poisson. Elle n’a toujours pas retrouvé la légende de Nikorima, mais elle pourrait désormais conter la sienne: la légende rapanui de Céline.