Que ce soit là-haut… tout là-bas, ou tout au fond d’une anse ou encore juste le long du chenal, impossible de ne pas le remarquer… la forêt de Colombie britannique est balafrée…
Balafrée de partout. Du haut des montagnes jusqu’au bord de l’eau.
Dès qu’on gagne le nord, qu’on se faufile entre l’ile de Vancouver et le continent, partout ce ne sont que cicatrices… partout les tronçonneuses continuent d’opérer…
Au détour d’un chenal, une vieille carcasse transformée en baraquement d’ouvriers…
Des plans inclinés d’acier où l’on jette les troncs à la mer…
Plus loin, dans une anse, c’est un train de bois, prêt pour le voyage, qui attend son remorqueur…
Enfin dans une lenteur toute solennelle, le convoi funèbre glisse à 3 km/h
Et plus au sud les panaches de fumées blanches des usines de cellulose…
On a beau connaître l’étendue de la forêt canadienne, on a beau savoir (et voir) que désormais tout est replanté (mais il faudra une centaine d’années), on reste stupéfait par l’ampleur de la récolte…
Pour la grandeur de la création littéraire certes… mais au fond si peu…
Pour l’emballage surtout… mais aussi… pour les besoins du trône…
(Lire à ce propos « Sur la route du papier, d’Erik Orsenna, Livre de poche)