(Par Sylvie)
Yakushima: une occasion unique de se remettre en jambes et de faire du tourisme vert, entre montagnes, rizieres et forêts.
Mais nous ne sommes pas seuls à arpenter le sentier qui mène au Taikoiwa rock, à près de mille mètres d’altitude. C’est la « golden week » ( quatre jours de congés accolés au week-end) et les touristes japonais affluent dans cette île de Yakushima, dont une bonne moitié de la superficie est classée parc national, inscrit depuis 1993 au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Cinq bonnes heures de marche sac à dos, ponctuée de fréquents arrêts, pour laisser monter ou descendre des troupeaux de randonneurs, souvent accompagnés de guides qui dispensent force explications sur les yaku-sugi (specimen de cèdres japonais vieux, parfois de plus de 3000 ans,) les plus célèbres par leur taille et leur âge. On écoute alors, sans broncher et on manifeste son admiration par des grands « oooh! Aaah! « so desu ka! ».
On rit aussi beaucoup entre copains et copines marcheurs. L’occasion pour nous de constater que les trekkeurs japonais s’habillent exactement à l’inverse des Européens : collants et teeshirts manches longues dessous, shorts et teeshirts manches courtes dessus! Sans oublier les gants en laine blancs.
On atteint le sommet dans un crépitement de clicks d’iPhone ou autre appareils photo, le temps d’immortaliser un V de la victoire ( qui peut aussi signifier « peace »), ou de poser pour quelques selfies, devant l’immense forêt vierge qui dégringole jusqu’à la mer.
Quand je vous dis que nous ne sommes pas seuls, c’est qu’en plus des bipèdes marcheurs, les habitants des lieux multiplient les appartitions surprise, parfois jusqu’au bord de la route qui mène au point de départ des randonnées. Il faut donc se montrer un conducteur très prudent pour ne pas écraser, au détour d’un virage, un cerf solitaire ou une bande de macaques en train de s’épouiller l’un l’autre sur le bitume.
À Yakusugi Land, autre circuit forestier, parcouru en solitaire celui-ci, nous apprendrons qu’après avoir été vénérés comme des arbres sacrés, les cèdres servaient, au 17 ème siècle, à faire des bardeaux de 60 cm x 10 cm pour les toits des maisons, mais aussi en guise d’impôt versé aux seigneurs du clan Shimazu.
Des géants ont donc été abattus pendant des siècles, à la hache, puis à la tronçonneuse. Un vrai désastre de déforestation qui a fini par alarmer les autorités jalonaises. Désormais, les cèdres sont non seulement protégés, mais aussi replantés pour la postérité.
Un jour de soleil et un jour de pluie, à Yakushima, les montagnes obligent les nuages a souvent se décharger sur l’île. Mais quelque soit le temps, quoi de plus relaxant, après une bonne marche, que d’aller à marée basse, poser ses fesses bien au chaud, face a la mer, dans le onsen (mixte et tout à fait naturel) de Yudomari.
On y fait aussi des rencontres inattendues, au onsen. Par exemple Chie (prononcez Tschié) qui nous entendant commenter nos impressions d’écrevisses, a engagé avec nous la conversation, en français s’il vous plaît!. Normal : elle a passé deux ans au Québec. Mais rien dans son accent ne le laisse soupçonner. Elle aussi, on la reverra, sûrement l’an prochain.