Comme des manchots sur la plage

Nous revoilà terriens ! Toujours au bout du monde, le regard toujours tourné sur la mer puisque nous sommes – un peu naufrages, malgré tout – sur une des îles Falkland : East Island. Sur le ponton de  la capitale, Port Stanley où nous avons débarqué,  un comité d’accueil nous attendait

Dois-je avouer qu’après trois mois de navigation en eaux froides,  je goûte particulièrement les douches chaudes terriennes et le lit terrien sur lequel je peux grimper sans forcément me mettre à quatre pattes, même s’il tangue encore un peu au réveil ?

Finies les grimpettes vertigineuses au dessus des mouillages trop et mal « embushés ». Ici nous marchons dans les hautes herbes de la lande, bordée de dunes et de plages, au milieu des oiseaux, des oies et des canards sauvages.

Le ciel est plus souvent violacé que bleu, le vent fait friser la mer qui se teint de bleu sombre,  de bleu lagon ou de vert céladon tandis que la bourrasque soulève  des volutes de sable qui s’en vont danser sur l’eau.

À deux heure de marche de Port Stanley,  la très british capitale des îles, nos voisins manchots (que les anglais s’évertuent à appeler penguins ) vaquent à leurs activités quotidiennes, escaladent des montagnes de sable blanc et doux comme de la farine, se font des mamours  ou se prélassent à l’abri du vent.

La toilette matinale du manchot royal
bisous de papous

Nous leur rendons une première visite de courtoisie, en essayant d’éviter les milliers de pingouins de l’espèce des bipèdes débarqués en troupeaux des gros paquebots qui, en route vers l’Antarctique, font escale à Port Stanley, avec leur cargaison de visiteurs humains.

Les naufragés des paquebots géants

Mais qui donc connaissait les îles Falkland (ou Malouines), avant la guerre de 1982 qui opposa l’Argentine du dictateur Videla à la Grande Bretagne de Margaret Thatcher ? À l’époque, en Europe, on avait regardé avec incrédulité, l’imposante  flotte britannique quitter l’Angleterre pour libérer les 2000 habitants de quelque îlot perdu dans l’Atlantique sud, non loin du cap Horn. Certains parlaient  même de guerre d’opérette, menée pour redorer le blason de la Dame de Fer, à la veille d’élections.

Eh bien non. Vu de Port Stanley, on ne s’étonne pas de voir le buste de Margaret Tacher trôner près du mémorial de la guerre. Ici elle restera une icône de la libération. Car quand les habitants des Falklands ont vu débarquer l’armada argentine et se sont retrouvés avec des blindés dans les rues de leur paisible capitale, quand le gouverneur a ordonné la capitulation des troupes de volontaires, ils ne pensaient pas que la flotte britannique viendrait à leur secours. 

Ce ne fut donc pas une guerre d’opérette, même si elle fut brève, elle fit tout de même 907 morts dont 250 sujets de sa majesté. Mais il aura fallu cette guerre absurde et ces morts inutiles pour révéler au monde l’existence de ces lointaines  îles Falkland, à l’assaut desquelles  les agences de tourisme ont tôt fait de se lancer. Une autre sorte de colonisation qui n’est pas sans conséquences sur la vie des habitants,  l’écosystème et la faune et de ces îles encore sauvages.

Reste que sur le continent argentin, dans la ville touristique  d’Ushuaia ( à quelque 600 km d’ici )on peut lire , dans les rues dans les vitrines des magasins sur le fronton des bâtiments : « Ushuaia, capitale des Malouines »… Et les monuments et mémoriaux de la guerre font écho à ceux de Port- Stanley.

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