Cordova : un raccourci tentant

De Cordova, « charming village » selon les brochures touristiques, nous ne retiendrons pas grand-chose, si ce n’est qu’il est déconseillé de mettre un être humain dans une machine à laver !

Ok, d’accord, en comparaison avec Whittier ou même Valdez, Cordova a un charme architectural exceptionnel… mais tout est question de référence !

Non, la seule chose qui nous a préoccupés à Cordova, c’est de savoir si oui ou non, on pouvait emprunter le fameux « Strawberry Channel » pour rejoindre le Pacifique.

En rouge, le raccourci

Il suffit de regarder sur une carte pour constater que cela fait un sacré raccourci !

La trace de Chamade dans le Strawberry Passage

Pas moins de 60 milles nautiques en moins. Mais un chenal peu profond, des bancs de sable ératiques et des « warnings » très explicites sur tous les documents nautiques : à ne pas emprunter sans connaissances locales et surtout, à ne pas emprunter par houle de sud : il se forme alors une barre dangereuse et infranchissable à la sortie.

Pour la houle, les signaux sont au vert en ce 29 juillet, pas plus de 1 mètre de prévu. Et côté connaissances locales, on dispose de la trace de « Kea », un catamaran français qui a franchi le passage il y a 2 ans, trace qui correspond à ce qu’on peut aussi observer sur la carte C-Map et sur Google Earth (sauf à la sortie où « Kea » a passé nettement plus à l’ouest). Et l’on sait qu’Agathe, sur « Julo » l’a passé il y a 3 ans, après avoir fait une reconnaissance avec un pêcheur local. On cherche donc confirmation sur le port, mais en cette période de marasme sur le saumon (la pêche est à nouveau fermée pour quelques jours) il n’y a pas grand monde pour nous renseigner, si ce n’est des « Ok, ça devrait passer… »

On quittait donc Cordova 3 heures avant la pleine mer et surprise, très vite on trouvait des bouées. En fait tout le passage (sauf la sortie) est balisé latéralement (rouge et vert). Et pas de problème de profondeur, nous avons eu toujours au moins 3 mètres, sauf sur un court passage où nous avons perdu le chenal sur une centaine de mètres. Abusé sans doute par l’observation à la jumelle d’un pêcheur qui m’avait donné l’impression de faire une large banane à droite entre deux bouées, on se retrouvait soudain dans 1,2 mètre d’eau. Le temps de revenir sur le bon chemin, que le fusible de protection du safran relevable avait sauté ! (Pas grave, son remplacement prend moins d’une minute).

Restait donc à franchir la barre finale au moment de la pleine mer, alors que la visibilité se noyait dans la bruine et la brume. Juste assez pour voir les rouleaux à l’est, puis la pointe à l’ouest et surtout les hauts fonds la prolongeant, sur lesquels la houle (faible) déferlait. Les fonds remontaient à tout juste 3 mètres pour une marée de 3m ! Autant dire qu’à marée basse il ne doit pas rester grand chose ! Probablement que le bon passage est un peu plus à l’est, mais pas de beaucoup. Et surtout, il ne faudrait pas tenter le passage si la houle de sud dépasse les 2 mètres.

Bruno et Patrice, équipiers Cordova – Sitka

Et puis lentement la profondeur augmentait sur le sondeur, la mer se lissait… nous étions passé ! On pouvait brancher le pilote automatique… cap sur Yakutat !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.