En ce jour de printemps 1905, Mister Jun est rayonnant. Pensez-donc, il inaugure sa toute nouvelle maison, au cœur même du village de Seongeup, sur Jeju, la « grande île ». Un bâtiment d’habitation, une écurie et un hangar qui entourent une cour intérieure. Murs de pierre de lave, toit de chaume, l’architecture est la même depuis des siècles.
Mais aujourd’hui sa maison est une curiosité touristique et ses arrières petits-enfants vivent sans doute dans un ensemble comme celui-ci.
En un siècle la Corée a changé de monde. Et même, en bien moins qu’un siècle, puisqu’il a fallu attendre la fin de la guerre de Corée en 1953, pour que le pays commence sa marche forcée vers la modernisation.
C’est donc en une génération à peine que le pays est passé pratiquement du moyen-âge à l’ultra-technologie. Et dans les îles, les marques de ce tsunami socio-économique sont visibles partout.
Comme à Yokjido où le tourisme remplace de plus en plus une micro-agriculture en replis, même si les patates douces et les mandarines de l’île restent parmi les plus recherchées de Corée. Et sur les flanc de l’île, l’abandon des cultures est bien visible.
Faut-il y voir un signe de déprime, si, comme à Sorido, la pollution plastique est partout. Sacs d’engrais, emballages en tout genre, tout traîne et se retrouve dans les ruisseaux.
La pêche traditionnelle aussi est à la peine. Elle est devenue quasi industrielle. Partout d’immenses madragues (piège à poisson) ou d’énormes parcs d’élevage.
Mais là aussi il y a un prix à payer. Plus une plage, une crique, une côte qui ne soit maculée de déchets en tout genre : Filins, bouées en polystyrène (sagex) sont partout.
Quant au récent typhon, il n’a guère dû arranger les choses.
Jamais nous n’avons navigué dans des eaux aussi envahies de déchets. Et les quelques panneaux d’avertissement semblent tenir de la méthode Coué.
Mais cela ne semble pas vraiment inquiéter. Confrontés, comme partout, à la crise économique, les Coréens continuent de foncer… en avant toute !
La Corée, jusque dans son quotidien, c’est la perpétuelle impatience !