Il est fortement déconseillé, voire interdit, de naviguer de nuit en Corée.
En s’approchant de l’ile de Shisando on comprend vite pourquoi.
Dès l’entrée de la baie des milliers… des dizaines de milliers de bouées barrent le passage. Des parcs à poissons ? Que nenni… des fermes d’algues.
Nous sommes ici au cœur de la culture de ces algues tant appréciées dans la cuisine coréenne.
Et Shisando, petite île, en a fait la source de sa prospérité.
A peine entré dans le port qu’on se trouve au milieu de montagnes de bouées, de cordages et de perches en tout genre.
Dès l’aube c’est le branle-bas de combat. Tout le monde court sur les quais. Les plates (bateaux de travail à fond plats) démarrent à grand coups de moteur rugissant. Comme si l’urgence était permanente.
Au large les algues sont cultivées sur des filets tendus entre deux bouées… alternativement dans l’eau puis à l’air après une manœuvre de retournement.
Ici on travaille en famille mais cela ne suffit pas. La manutention est énorme et l’île manque de bras. Elle engage donc des travailleurs saisonniers.
Comme Roman, jeune Russe venu de Krasnoïarsk (Sibérie) pour une quinzaine de jours. Il parle un peu l’anglais et tombe des nues en apercevant notre pavillon suisse. « Je suis ici avec un copain. Le travail est dur, les heures sont longues, mais pour la Russie, le salaire est excellent… »
Quand à nous, même si nous avons été très gentiment accueillis, même si on nous a laissé une place au ponton, on sent vite qu’on dérange. Alors de bon matin on repart pour une navigation zigzagante entre des milliers… des dizaines de milliers… des centaines de milliers de bouées…