Golfe de Penas: D’un coup d’un seul!

Depuis le temps qu’on l’attendait cette fenêtre, blottis au fond de notre caleta Carmen, vrai pot de chambre patagon.

Elle est apparue en fin de semaine. Les fichiers météo nous donnait un feu vert pour samedi, pour au moins faire un premier saut de puce jusqu’à l’entrée du golfe. Puis Sylvie, consultant une dernière fois les oracles m’indiquait que la fenêtre semblait s’ouvrir en grand… à condition d’en finir avant dimanche midi. Car là, ça allait canarder sérieusement: 35 noeuds, rafales à 40 de nord.

La météo prévue 2 heures après notre arrivée


Alors hardi petits… nous nous séparons de Carmen en pleurs, sous des trombes d’eau et gagnons le large au moteur. Pas ou peu de vent comme prévu, mais quelles vagues, quelle
danse ! (voir aussi le récit d’Amanda sur le blog: www.Morgane.ch ). En fin d’après-midi, même si on pioche contre un épisode de vent de sud plus intense que prévu, la météo confirme que la voie est libre jusqu’au lendemain en fin de matinée. On décide donc de forcer le destin, toujours au moteur jusqu’à l’aube, puis dans un vent portant forcissant d’heure en heure.


Si je devais garder une image de cette traversée, c’est celle des albatros. Dès qu’on pointe l’étrave au large, sur l’océan, les voilà qui tournent autour de Chamade. Ils glissent, virevoltent sans fin, toujours dans une même figure qui semble se répéter à l’infini. Ils planent, contre le vent, perdant lentement de l’altitude, finissent par se glisser entre les creux, rasant la surface, avant de profiter de l’ascendance provoquée par une vague plus forte… et hop, comme bondissant, sans un coup d’aile, ils sont à nouveau à vingt mètres de haut, virent sur l’aile et passent à toute allure devant Chamade… Et le ballet recommence, sans fin, même la nuit. Comment décrire ces fantômes furtifs qui passent dans la lumière blafarde du feu arrière de Chamade?

L’albatros, roi au pays du vent


Finalement le pari fut le bon puisqu’à 11 heures l’ancre tombait dans la bien nommée Caleta Idéal. Quel bonheur de laisser derrière soi les inquiétudes et le stress générés par ce maudit golfe.
Mais la joie allait être de courte durée.
Le moteur ronronne pendant que nous faisons notre toilette à l’eau chaude, puis se met à crier. Alarme ! Les mécanos du bord, – Robin et moi – plongent la tête dans le Volvo pour s’apercevoir que le rotor de pompe à eau a été pulvérisé, sans doute a cause d’un morceau de kelp (algue) avalé par la prise d’eau. Il n’a pas supporté de tourner à sec. Pas grave, ça se change! Mais je m’aperçois avec horreur que nous n’en avons plus qu’un de rechange. Grave erreur que de compter sur sa mémoire et de ne pas avoir vérifié avant de partir.

Les restes de l’impeller (rotor de pompe à eau)


Le stress est à nouveau bien là, l’espoir aussi que Christian et Martine (ma belle-famille du Chili), contactés par téléphone satellite, trouvent un moyen de nous faire parvenir un nouveau stock à Puerto Éden, un de ces bleds du bout du bout du monde!
Mais l’espoir fait vivre… et alors que le vent vrombit dehors on se sent bien vivant, dans le ventre chaud de Chamade.

1 Commentaire

  1. Neyroud Favre Françoise Répondre

    Merci pour ces récits fort intéressants. J’aime beaucoup la description des vols des albatros. J’espère que vous allez trouver à Puero Eden .les pièces demandées. Heureusement, un peu partout dans le monde, vous avez des connaissances prêtes à vous aider.
    Aujourd’hui, journée ensoleillée. Super ! Cela nous a fait du bien. Nous étions nombreux à nous promener.
    Amitiés. Françoise

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