20 juin: 62°00 N / 49°44W
On ne va pas vous dire que Paamiut fait figure de bourgade bucolique. A peine débarqués, partant à la recherche du poste de police pour y annoncer notre arrivée au Groenland, passé la colline qui nous sépare de la ville, on reste plutôt stupéfait par l’urbanisme local. On s’attendait à une série de petites maisons pleine de couleurs… On se retrouve face à une barre d’HLM.

Les restes de l’urbanisation des années soixante, où le développement des usines de poisson nécessitait de loger la main d »oeuvre venue du Danemark et des petites implantations dispersées sur la côte et laissée à l’abandon. Au poste de police, deux agents danois. Tout en cherchant à mettre à jour la date du tampon encreur qui manifestement ne doit pas servir tous les jours, le grand blond me regarde goguenard: -Comment vous trouvez notre magnifique ville?
En voilà un qui n’a pas dû choisir d’atterrir ici pour une ou deux années de service.

Passé l’effet de surprise, même si le tout ne respire pas une folle gaieté, le village n’est pas désagréable. Il est vrai qu’il est situé au fond d’une crique splendide. Au centre une coopérative « Pilersuisoq » et un grand supermarché très bien achalandé. Fruits, légumes, viande et poisson congelé. Rien ne manque. Autre surprise, le nombre de voitures, plusieurs dizaines au moins alors que le réseau routier doit faire 1,5 km, plus les 3 km pour aller jusqu’au tout nouvel aéroport. Et les gens, me direz-vous? Souriant, mais distant. Surtout les hommes.

Il est vrai que peu semblent parler l’anglais.
En fait, peut-être par timidité, on nous ignore. Même le 21 juin, jour de la fête nationale, où la population s’est rassemblée sur un terrain gazonné au centre du village. Une petite tente y est dressée et l’on y sert un repas fait de morue bouillie. L’ambiance est plus que calme. On a l’impression d’être transparent. Très loin culturellement. Il va falloir du temps pour briser la glace.