4 jours de raid en solitaire et en autonomie, de Menthières (sur les hauts de Bellegarde) et la Vallée de Joux.

Tout sauf plat! 74 km et 3800 m de dénivellation!

1er objectif: le chalet du Gralet. Un peu plus de 3h de marche et un ravitaillement en eau bienvenu en vue du bivouac. On la pompe à la citerne, elle est donc non potable. Je la traite au Micropur.

Puis il faudra encore 2h30 de montée vers le Reculet…




La rencontre du jour, au sommet du Reculet: Charlotte, archéologue lyonnaise en ballade pour deux jours et qui prévoit aussi de dormir au Grand Crêt. Histoire de poursuivre les discussions sur les restes du Néolithique sous les fondations romaines à Lyon, nous bivouaquons de concert!


Le deuxième jour, nous continuons ensemble vers la Colomby de Gex, puis vers la Faucille d’où Charlotte redescendra en plaine. Il fait 36° à Genève… sur les crêtes aussi le soleil tape! Mais au moins les nuits sont douces.


Entre la Faucille et la frontière suisse, le chemin devient ingrat. C’est d’abord un cheminement dans une faille, sous une falaise. Ca monte de 20 m et ça redescend de 15 avant de remonter de 25, et ainsi de suite avec souvent l’aide des mains tant les rochers sont abruptes…

Et le tout avec, en bruit de fond, le vacarme des motos qui « s’éclatent » sur la route de la Faucille. Arrivé à la Vattay, je décide de continuer jusqu’à l’alpage du Petit Sonnailley, juste à la frontière. Le chalet est fermé, je m’installe sur la terrasse.

Départ de fort bon matin pour la troisième étape, avec comme premier objectif, la Dôle (1677 m)

Le radar de Swiss Control se refait une nouvelle coiffe.

Je fais là ma deuxième rencontre: Andrzej. Il fait partie d’une équipe polonaise, spécialisée dans ce genre de travail. Andrzej qui râle tant et plus… « Y’a trop de vent par ici, on n’arrive pas à bosser… on a déjà deux semaines de retard. Là, on devrait déjà être sur un chantier en Jamaïque… On a encore besoin de trois jours de travail pour terminer, mais avec ce vent… combien de temps faudra-t-il encore attendre! » Il est vrai que vu la taille des grands panneaux de carbone qu’ils doivent installer, sans grue, il faut que le temps soit calme sinon… ils risquent de s’envoler avec! Andrzej qui tire nerveusement sur sa clope dont la fumée est chassée par le vent… Ce n’est peut-être pas encore aujourd’hui qu’ils pourront beaucoup avancer!

De la Dôle, c’est la descente sur la Givrine avec un ravitaillement en eau aux toilettes de la gare… Puis la remontée vers le Creux du Croue et la région du Mt Pelé pour un troisième bivouac.

Le quatrième jour. c’est l’entrée dans la plus belle combe du Jura…

Au chalet du Couchant, Claude Romanens, le berger, m’invite à partager son café sur le banc devant la porte. C’est ma troisième rencontre. On entame la discussion… Romanens… comme le fameux Bernard Romanens, la vedette de la fête des Vignerons de 1977… où son Lyoba est resté dans toutes les mémoires?
« Ben oui… c’est mon frère! »
Claude Romanens, lui, a quitté le canton de Fribourg il y a plus de 30 ans pour émigrer au Canada, dans la région de Trois-Rivières. Il y a développé une exploitation agricole de 120 vaches, avant de la remettre à son fils aîné. Désormais à la retraite depuis 9 ans, Claude revient en Suisse chaque été pour s’occuper de l’alpage du Couchant. Un bain helvétique avant de s’en retourner dans son Canada en octobre.
Mais son soucis aujourd’hui, c’est la disparition d’une jeune génisse. Il a fait une battue hier, sans résultat. Le loup? « Peut-être… mais elle peut aussi être tombée dans une de ces dolines qui parsèment ces pâturages jurassiens… » Claude attend l’arrivée d’un copain avec lequel il va reprendre ses recherches aujourd’hui…
Le temps passe, la chaleur monte et il est temps que je file… si je veux arriver aux Fûves avant le front orageux que la météo annonce très fort pour ce soir…
