Sorry, sorry pour notre silence. Mais nous étions au milieu de nulle part. Into the wild, sans téléphone, sans internet, sans un lieu pour dépenser un peu d’argent, aucun signe de présence humaine, mais avec beaucoup de pluie et de coups de vents qui nous ont contraints à quelques escales prolongées.
Que faire sinon s’incliner devant les caprices de la nature particulièrement criseuse, en Alaska? Cela dit, pour résister pendant dix jours à ce régime imbibé, il nous a fallu puiser très profondément dans nos ressources intérieures. Pour tirer quelque réflexions existentielles, à méditer face à l’océan.
1/ Peut-on traverser l’Atlantique et le continent américain, faire 15 heures d’avion pour ne voir que du gris, passer des heures enfermés dans le ventre de Chamade, se faire copieusement arroser à la moindre tentative de mettre pied à terre… et ne pas péter un câble? La réponse est… oui. La preuve Yael et Jonathan, nos patients passagers de la pluie, ont même gardé le sourire, jusqu’au bout.
2/ les humains (normalement constitués) n’aiment pas trop être mouillés et transis jusqu’aux os. Eh bien, dites vous bien qu’ils ne sont pas les seuls. Les ours noirs du Kenai, préfèrent eux aussi rester chez eux quand il pleut, quitte à bouder la nourriture qu’ils dénichent à cette saison sur les plages, à marée basse. Résultat, le légendaire bear watching alaskien a failli tomber à l’eau. Sauvé de justesse par un plantigrade qui ne s’était pas renseigné sur la météo avant de mettre le nez dehors.
3/ Heureuses, les baleines, les sea lions (otaries américaines) et les loutres de mer qui se foutent pas mal de la pluie.
4/ Fallait-il être maso pour faire une halte à Cataract cove, la baie la plus ruisselante que nous ayons dénichée ? Sans doute, mais quand spectacle est largement à la hauteur de la déviance, il n’y a pas de mal à ça. En tous cas ce n’est pas la pénurie d’eau qui guette l’Alaska !
5/ En milieu humide, le Yahtzee peut être salvateur, tout comme un Talisker on the rocks.
On peut aussi se distraire avec le film « Into the wild » (histoire de se donner quelques sensations de liberté dans la promiscuité du carré) ou mieux encore tenter de voir en live, le film catastrophe du glacier qui s’effondre dans la mer. Phénomène parfaitement naturel qui ne signifie pas réchauffement climatique.En revanche, on pourra dire à M. Trump que le réchauffement climatique n’épargne pas l’Alaska dont les glaciers reculent pour la plupart, sauf un rescapé qui campe sur ses positions depuis des siècles : le stoïque Aialik.
6/ En Alaska, comme ailleurs, il ne faut jamais désespérer. L’adage « après la pluie, le beau temps » s’applique aussi, même si très provisoirement. Du coup on se dépêche de vivre l’instant présent (comme nous le conseillent les gourous du monde entier).
Et un simple rayon de soleil peut conduire à faire des choses insensées, comme aller chatouiller le pied des glaciers quand la température monte de quelques degrés où faire trempette pour se laver dans de l’eau à 5 degrés, pour changer de la douche céleste.
Ces paysages grandioses nous rappellent combien nous sommes petits face à la nature. Si je ne partage pas votre passion du grand Nord, j’en demeure pas moins éblouie et admirative. J’espère que « Jean Rosset » trouvera le chemin de l’Alaska pour ces semaines à venir!
Je vous embrasse
claire