En ouvrant l’atlas, en glissant le doigt du Japon aux îles Aléoutiennes, impossible de ne pas survoler le chapelet des îles Kouriles. Un nom qui sent le souffre.
Et pas seulement parce qu’il est composé d’une multitude de volcans. Entre guerre froide et revendications conflictuelles entre Japon et Russie, l’archipel détient une étonnante célébrité pour des îles pratiquement inhabitées. A tel point qu’aujourd’hui encore, elles empêchent toute signature d’un traité de paix entre Russie et Japon pour mettre définitivement fin à la seconde guerre mondiale. Un conflit qui se cristallise sur les 3 îles peuplées du sud de l’archipel, toutes proches d’Hokkaido.
Pour nous, en compagnie d’Anthea, sur notre route entre Sakhaline et le Kamtchatka, c’est le groupe nord que nous allons longer. Une succession de volcans aux flancs abrupts, des côtes qu’on imagine hostiles, noyées dans le brouillard, balayées par des courants improbables, barrière de séparation entre les eaux glaciales de la mer d’Okhotsk et l’Océan Pacifique nord. Là c’est la météo qui a une réputation sulfureuse : les tempêtes hivernales de la mer d’Okhotsk sont légendaires !
Pour les tempêtes, on a de la chance : c’est plutôt le manque de vent qui caractérise cette longue étape de 700 milles vers Kunachir, tout au nord de l’archipel, juste avant la pointe du Kamtchatka.
Pour le reste, la réalité a rejoint la fiction. Trois jours durant nous avons joué à cache-cache avec les volcans, plongé souvent dans le brouillard nous avons frissonné dans l’air humide, baigné dans les eaux glaciales (entre 2 et 3°C) de la mer d’Okhotsk, observé les tourbillons des courants, frissonné encore, mais au sens figuré, en côtoyant ces îles longtemps interdites, en supputant l’emplacement des anciennes bases militaires soviétiques.
Mais nous avons aussi bénéficié d’apparitions magiques, de visions parfois furtives, éphémères… ou parfois de coups d’œil splendides !
Et surtout, loin d’être seuls : partout des oiseaux : pétrels fulmars, macareux, goélands argentés, guillemots… nous sommes bien revenus dans le monde arctique.
Et cerises sur le gâteau… quelques orques et le salut majestueux d’un cachalot !
P.S: Plus de détails sur les Kouriles ainsi qu’un petit film suivront dès que possible