L’atoll des VIP

(Par Sylvie)

Lorsque nous l’avons croisé en quittant Majuro, le somptueux yacht de Google (100m de long, 4 ponts, hélicoptère…) revenait de d’Aur.

Mais il avait snobé Tabal, le petit village où nous avons jeté l’ancre quelques jours plus tard, à l’autre bout de l’atoll. Sans doute, son équipage ignorait que Tabal est un repère de VIP que nous avons eu la chance d’accueillir sur Chamade.

D’abord, il y a James. James Bond (sic) qui s’est trouvé une couverture idéale pour jouer les espions. Il est le « Doctor » du village (En fait c’est un technicien sanitaire qui a fait 2 ans de formation à Majuro. Il y en a un dans tous les villages). Ce qui lui donne droit à un logement de fonction et à une BLU. Quand il ne distribue pas des antibiotiques comme remède à tous les maux, il passe une bonne partie de son temps à espionner les échanges radio qu’il capte sur les ondes. C’est comme ça qu’il a intercepté une de nos interventions sur le net des voileux qui tournent dans les Marshall et a pris contact avec nous. En nous priant de passer le voir dans sa « clinique », c’est-à-dire dans la petite masure où il vit avec sa femme qui fait des tapis en feuille de cocotiers et ses 4 enfants. Il nous reçoit dans un anglais assez sommaire. Ses yeux bridés pétillent de malice et nous comprenons que le Dr. James Bond a une idée derrière la tête, lorsqu’il nous propose de nous « montrer » comment il faut pêcher dans le lagon.

En fait, lui qui n’a pas de barque, veut venir sur Chamade pour taquiner la perche et le perroquet, histoire de varier le menu familial. C’est ainsi que nous avons reçu sur Chamade, James Bond en personne, qui nous a tout de même laissé une de ses prises pour le dîner.

Deux jours plus tard, nous accueillions à bord, le prince héritier de la chefferie de Tabal. Héritier et chef par intérim, en l’absence du no 1 de la lignée, son oncle, qui vit à Majuro, loin de ses sujets. Aux Marshall, on compte trois castes bien hiérarchisée : les « iroj» (les rois ou chefs de clans traditionnels), les notables et le petit peuple des moins que rien. En tant qu’étranger, nous nous devons de respecter cette hiérarchie même si nous sommes assez réservés sur les effets contemporains de cette société de caste. Notre premier souci en débarquant à Tabal fut donc d’aller présenter nos hommages à Bollong, futur iroj de son état. Nous l’avons trouvé en train de construire le terminal no1 (un rectangle en brique de 12 m2, vide) de l’aéroport. Pas pédant du tout et très aimable le sang bleu de Tabal.

Visiblement flatté par notre invitation, Bollong nous a fait l’honneur de venir prendre trois coca et des cookies dans notre cockpit, avec sa charmante épouse Patelyn et leur petite fille Anastasia. Très classe, parlant un anglais très au-dessus de la moyenne ils sont arrivés les mains pleines : trois langoustes, deux noix de coco, un « uru » (fruit de l’arbre à pain en polynésien). Remerciements et échange de cadeaux usuels. Après le chocolat national, nous avons sorti le couteau suisse. Mais ils ont surenchéri, en dégainant deux magnifiques colliers et autres objet artisanaux. Thank you so much et yokwé (le mot magique pour dire bonjour, au revoir et je t’aime et qui littéralement signifie en marshallais, tu es un arc en ciel). Quand, le lendemain, nous sommes allés les saluer, c’était comme si rien ne s’était passé. Les Marshallais sont réservés et timides, mais je me demande encore si nous n’avons commis un impair….peut-être aurions-nous dû leur proposer d’acheter leur cadeaux d’artisanat ou partager avec eux les langoustes ou leur proposer du vin (l’alcool est interdit dans le village) à l’heure du thé ? Yokwé tout de même.

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