Nous avons retrouvé Okinawa, toujours aussi bigarrée, en plein fièvre de Noël. Dans le centre commercial de Ginowan, l’Ave Maria de Schubert (version synthétisée), dispute à Jingle bell, la première place au hit parade des musiquettes qui tournent en boucle dans la cacophonie ambiante. Ca brille de partout, les sapins étoilés, les pères Noël, les bonbons, les jouets , les cartes de voeux débordent des boutiques, et partout on nous souhaite « Merry Christmas ».
Ce n’est pas que le très shintoïste Japon vire au catholicisme. Mais ici, Christmas, c’est comme Halloween. Rien à voir avec une quelconque ferveur religieuse. Toutes les occasions sont bonnes pour célébrer le dieu Consommation.

Nous nous contentons de dévaliser la boulangerie française du coin, en partageant nos baguettes croquantes avec Patrice ( dit Pataud) et son fils Kairen (10 ans) qui vivent entre hommes, dans la marina, sur leur voilier de 12 mètres. Patrice, navigateur émérite, convoie des bateaux aux quatre coins du monde. Autant dire que la mer, il la connaît bien. A la fois Suisse et Alsacien, il peut vous raconter ses innombrables aventures marines -et terrestres- en français, en anglais, en allemand, en hollandais et même en japonais.

Comme nous ne sommes pas à la fête avec la météo, nous partons en voiture à la découverte de l’île d’Okinawa dont on nous avait vanté les beautés, en dehors de la ville. Mais bon. Bof ! Pour ne pas dire davantage. Sur le trio des îles Henza Miyagi et Ikai (reliées à Okinawa par un pont), les eaux turquoises et la barrière de corail nous rappellent tout de même que nous ne sommes plus qu’à 26° au nord de l’équateur.

Et quand du haut des ruines du château de Katsuren (XVème siècle) nous scrutons la haute mer, il nous prend l’envie de prendre le large, au plus vite.

Mais le plus vite, ce n’est pas encore demain. Ne nous reste plus qu’à aller nous abriter dans le vieux marché couvert d’Okinawa. C’est dans ce souk que nous trouverons de quoi exorciser les caprices du temps. Faute de prier la Sainte Vierge.
