Après la Nawhitti Bar reste encore à contourner le Cape Scott pour entamer la descente de la côte ouest de l’île de Vancouver. Lui aussi est mal famé, brassé par des courants tumultueux et battu par la houle. Mais par rapport à la Nawhitti ce n’est qu’une simple formalité. Derrière se cache Grise Bay et sa magnifique plage de sable. Un abri parfait par ce régime installé de Nord-Ouest.
L’occasion de parcourir le « trail » qui mène jusqu’au phare. C’est en fait une ancienne « board road », littéralement une « route en planches », construite dans la forêt durant la deuxième guerre mondiale.
En 1942, le Canada est sur les dents, persuadé que les Japonais vont débarquer quelque part sur la côte pacifique du continent américain. Partout l’armée installe des camps militaires et construit à la hâte des pistes d’aviation : Port Hardy, Bella Bella, Sandspit ou encore Tofino, les aéroports de nos équipiers en sont les restes.
Mais au Cape Scott c’est un tout autre chantier qui est mis en route dans la plus grande discrétion. Une station radar, la dernière nouveauté ultra-secrète ! Et jusqu’à la fin de la guerre, une
garnison de 50 hommes guettera sans relâche son écran, sans jamais rien voir venir… comme les soldats du « Désert des Tartares » de Buzzati.
Enfin pas tout-à-fait, puisqu’un beau matin c’est l’alerte !
Sur l’écran c’est une vraie escadrille qui s’approche… On est au printemps… c’est un grand groupe d’oies… Des Bernaches du Canada en plus… Mais qui sait… peut-être avaient-elles les yeux bridés?