(Par Sylvie)
Vu la dèche dans laquelle se trouve Fanning, nous avons commencé à vivre sur nos réserves. Mais les conserves, après les saveurs polynésiennes… Nous avons donc décidé de nous mettre au régime Fanning : poisson cru du lagon et riz, riz et poisson cuit du lagon, poisson cuit et riz, riz et poisson cru. Le plat principal agrémenté parfois, quand on en trouve, d’une salade de papaye. C’est Tapeta qui nous a fait découvrir la salade rappée de papaye bien verte et dure, avec de l’huile, du citron, un peu d’ail et des oignons. Excellent ! Et que dire des frites d’uru (fruit de l’arbre à pain) ? Meilleures même que nos patates frites.
Pour le pain, pour éviter la miche douce aux charançons, je me suis lancée dans la boulange, avec – je l’avoue avec une certaine fierté – des résultats tout à fait honorables. Bon ce n’est pas encore la baguette parisienne bien croquante, mais c’est du pain. Du bon pain.
Pour les soins de beauté, il a fallu se débrouiller avec les moyens du bord. Si l’on trouvait encore de temps à autre, un coiffeur, en Polynésie française, à Penryhn, comme à Fanning, ce n’est pas une profession très courue. J’ai donc opté pour le fameux salon de coiffure « Chamade » qui a pignon sur mer. Je n’avais pas le choix, mais je n’ai pas regretté. J’ai vu nettement pire.
Je n’ai pas eu le temps d’essayer l’épilation made in Fanning. Il faut du temps. Mais c’est définitif. Pour cela il faut construire beaucoup de toits en feuilles de pandanus. C’est l’occasion idéale pour s’épiler. Car on doit fabriquer des cordelettes pour attacher le toit. Et ces cordelettes sont faites avec de la bourre de coco qu’on roule sur ses jambes. Rutea nous a fait une démonstration : très efficace, depuis le temps qu’elle roule des cordes, elle n’a plus un poil sur les gambettes.
Dans les maniaba (ces grandes maisons collectives, aujourd’hui des grandes dalles de béton recouvertes d’un toit de tôle, où le gens se réunissent pour les fêtes, mais viennent aussi vivre en communauté un autre genre de promiscuité que dans leur case), on commençait à préparer Noël, en lorgnant sur les cochons alentours.
Dimanche après-midi, après le culte, nous sommes passés au au Kawa bar de Tyrone. J’ai pu tremper mes lèvres dans le kawa de la maîtresse d’école primaire qui, ostensiblement ne boudait pas son plaisir addictif. C’est très amer et ça ne m’a pas fait planner.
Un dernier adieu à Tyrone, à Bruno et Tapeta. Et avec tristesse, nous avons tenté de lever l’ancre. Mais la commande du guindeau ne voulait rien entendre. Le coiffeur a donc prestement troqué ses ciseaux pour des tournevis et un potentiomètre. Finalement notre départ n’a été retardé que d’une heure, direction la ZIC ( Zone immanquablement chaotique ou zone irrémédiablement caca, c’est du pareil au même). C’est que Fanning ne se laisse pas quitter facilement. Demandez à Bruno !