(Par Sylvie)
Avec toute cette histoire de typhons, nous avons zappé sur l’essentiel : les amis. Ceux d’ici et ceux d’Helvétie. Ceux d’aujourd’hui d’hier et de toujours. A commencer par Shizuka, qui n’a pas hésité à « abandonner » ses trois fils et son mari à Ibusuki, ni à faire 6 heures de train dans la journée pour venir nous voir à Fukuoka. Comme toujours, elle est arrivée les mains vides, mais les bras chargés de victuailles. Nous nous sommes régalés de tout, surtout de sa présence, de nos discussions en français et de la belle surprise qu’elle nous a faite. Merci Shizuka de t’être octroyée ( avec labénédiction de ton mari) cet espace-temps de liberté que tu nous as dédié. Sugoï !
C’est ça l’amitié ! On en connaît deux, par exemple qui n’ont pas hésité à traverser la moitié du globe, d’un coup d’un seul, pour nous rejoindre, découvrir un autre Japon et se faire bercer par Chamade. Mais voilà ! Anna-Karina et Jacques, sont arrivés pile poil quand le grand méchant Malakas venait frapper aux portes du Japon. Alors que faire, entre deux bourrasques typhonneuses, lorsque nous recevons à bord un couple d’éminents représentants de l’Etat de Genève, dont le délégué au commerce de la promotion économique ? Aller prier les malins kamis du business, avec des milliers de Japonais, convergeant vers le sanctuaire shinto de Hakozaki.
Ainsi va la coutume du festival Hojoya qui se tient chaque automne ( le temps des récoltes) à Fukuoka. L’interminable allée qui mène au temple, se borde de petits stands où chacun sert sa spécialité de nourriture. Et c’est entre cette haie d’honneur restauratrice que durant toute la soirée tous les commerçants, agriculteurs, entrepreneurs et autres businessmen se pressent pour aller demander aux esprits et aux dieux de leur accorder abondance et bénéfices.
Le spectacle est pour le moins étonnant et détonnant. A l’intérieur du sanctuaire des Kannushi ( prêtres shinto) tiennent un office privé devant un parterre encravaté de complets-vestons pour chasser la scoumoune. Tandis qu’à deux pas du tori les pubs fleurissent, les kimonos se pressent à petits pas, tandis que les mini-jupes, les shorts, les chapeaux et le casquettes s’exhibent, sans complexe à leur côtés.
Les enfants jouent, des noeuds clignotants dans les cheveux Certains pèlerins s’extasient ou exultent devant la scène où une collection de poupées japonaises version disco-mièvre, pousse la chansonnette d’une voix aigrelette.
Il y en a pour tous les goûts, les dégoûts et les couleurs, dans une joyeuse ambiance de kermesse religieuse et de syncrétisme entre nourritures spirituelles et nourriture commerciales. Une raison, sans-doute, d’espérer que le kami des commerçants gaijins aura entendu les suppliques de Jacques pour la promotion économique et la prospérité de Genève.