Les enfants du Paradis

Les choses sérieuses ont commencé. Plus le temps d’écrire pour le blog depuis que Teiki, tatoueur marquisien et vedette du futur film de Marc nous a rejoint à Hiva Oa.
Teiki ne veut pas que la culture marquisienne se dissolve définitivement dans le modèle occidental. A travers le tatouage, mais pas seulement, il milite pour que la jeunesse marquisienne conserve ses racines bien vivantes, pour qu’elle continue à parler sa langue, à côté du français et qu’elle se souvienne de ce que ses ancêtres lui ont légué de bon. Camera et micro au poing, nous suivons Teiki (accompagné de son tonton Ricky) de grands-mères en cousins, d’amis en amis d’amis, d’une île à l’autre.

C’est ainsi que nous avons débarqué au paradis terrestre. Parce que si vous ne le saviez pas, le paradis existe encore. Dieu l’a créé à Fatu Hiva, l’île la plus isolée de l’archipel marquisien (600 habitants dispatchés en deux villages, reliés par un ruban vertigineux de béton et de terre qui serpente à quelque 1000 mètres d’altitude sur les crêtes des montagnes).

Ici l’Aranui (bateau de ravitaillement qui transporte aussi quelques passagers) accoste une fois par mois et les femmes enceintes font trois heures de bateau à moteur pour aller accoucher dans l’île d’Hiva Oa. Dans la baie très très houleuse d’Omoa, les sculptures de tiki balisent le rivage Elles invoquent la fertilité de la terre.

Ici, c’est l’abondance faite nature. Les bananes, les pamplemousses, les uru (fruits des arbres à pain), les noix de coco, les avocats les mangues, les noni – fruit sensé agir contre le mauvais sort dont on tire aussi des substances médicinales – tout pousse dans les jardins, sur les arbres et les buissons qui foisonnent à flanc de coteaux ou ombragent les eaux bondissantes de la rivière. Les maisons d’Omoa sont nichées au creux de la verdure qui dégringole du ciel, bien rangées le long de la dalle de béton qui lui sert de route. Les chevaux paissent sous les cocotiers, la volaille en liberté court dans tous les sens.

Des fumées acres s’élève de feux invisibles, les chants des coqs se font écho à n’importe quelle heure et des cours s’élèvent le bruit régulier des meules électriques. Silence, on sculpte de père en fils. Fatu Hiva, est l’île des artistes, des sculpteurs, des tatoueurs, des artisans, des fabricants de tapa (étoffes fabriquées avec des écorces de muriers ou d’arbre à pain).

C’est sans doute pour ça que Tupa, le divin crabe a sculpté une figure humaine dans la roche qui surplombe Omoa. Tous les habitants du village ont leur atelier dans un coin de leur jardin. Comme Paloma, grand-mère attentive, qui fait des bijoux, comme son frère Napoléon, comme ses neveux qui sont restés sur l’île pour exercer l’art traditionnel marquisien qui leur permet de bien gagner leur vie, le nécessaire étant fourni par la providence. Sculptures et tapas sont acheminés et vendus à bon prix à Tahiti. C’est pourquoi les habitants de Fatu Hiva peuvent s’acheter les beaux 4×4 qui sillonnent le kilomètre de route qui traverse le village. A Fatu Hiva, on parle le marquisien et si, excepté un jour par semaine, l’enseignement se déroule toujours en français, la grande majorité des élèves des écoles s’expriment et comprennent la langue de leurs ancêtres.

A Fatu Hiva, on ne mange que du bio : le poulet frit de la basse-cour, le poisson cru l’on va pêcher, mariné dans le citron et le lait de coco, le cochon sauvage qui crapahute dans la montagne, le poi-poi ( purée tirée du fruit de l’arbre à pain) les tomates et les concombres du jardin.
Chez Paloma et Tiai, nous sommes régalés, de leur nourriture, de leur compagnie et de leur accueil.

Le Paradis, je vous dis !

1 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.