67°44N / 168°31W. Le détroit de Béring n’est plus qu’à 120 milles, si tout va bien, demain soir nous l’aurons franchi. Le gros Chukchi sera derrière nous. Une traversée qui pour l’instant se passe au mieux au rythme des humeurs changeantes de ce bras de mer entre Amérique et Russie. Petit temps lundi et mardi, grand ciel bleu comme dans un bel été indien. Puis ciel bas, pluie et vents bien frais ce mercredi, 25 nœuds établis et une mer qui se creuse vite dans les faibles profondeurs qui caractérisent la région. Entre 30 et 50 mètres de fonds maxi. Et c’est pourtant plus profond qu’au nord de l’Alaska où nous avons navigué trois jours de suite avec moins de 15 mètres sous la coque.
Tiens, je remarque que je ne vous ai plus parlé de glace depuis bien longtemps, tant elles sont absentes de ce Passage du Nord-Ouest version 2011. En relisant quelques extraits de récits des rares voiliers ayant franchi le NW ces 4 dernières années, tous se disaient libérés, une fois passé Point Hope, comme nous l’avons fait aujourd’hui, en route vers Béring. Si la glace ne faisait pas barrière, elle n’était jamais loin et quelques floes égarés pouvaient se trouver encore sur leur route. Rien de tel pour nous.
Selon les dernières cartes de glaces transmises par Christophe, la banquise était la semaine dernière à plus de 100 milles (180km) au nord de l’Alaska. A l’image finalement de cette année 2011. Et je ne serais pas surpris de lire prochainement un communiqué scientifique relevant que l’étendue de la banquise arctique a battu un nouveau record de fonte en 2011.
Pas franchement rassurant pour la planète, ni pour les Inuits du Grand Nord qui voient leur monde polaire disparaître à vitesse grand V.