Genève, Madrid, Mexico, Tijuana…la Basse Californie, ce n’est pas la porte à côté. Mais pour Chamade, nous pouvons aller au bout du monde. Nous revoilà donc, à Ensenada dans nos pénates flottantes. Pour l’instant l’exploration commence dans la marina, où nous cohabitons avec une colonie d’otaries gueulardes et querelleuses qui squattent bateaux et pontons.
Nous y retrouvons aussi une colonie d’Américains qui, eux, squattent la marina tout entière. Il faut dire que la vie y est nettement moins chère qu’à Los Angeles ou à San Diego. Ce sont en quelque sorte des pseudo- navigateurs pseudo frontaliers qui ont pris le large (en voiture, bien sûr) pour rester vivre à quai dans la Basse Californie voisine. Ils s’y sentent chez eux et pour cause. Le Mexique n’est-il pas une succursale économique des Etats-Unis ? Pétrole, investissements, exportations, importations, produits manufacturés, tout ou presque vient ou va aux Etats-Unis. Un état de dépendance qui permet au Mexique de figurer au 16ème rang des pays les plus riches monde…avec 40% de sa population vivant au dessous du seuil de pauvreté ! Cherchez l’erreur.
L’erreur, à Ensenada, on la trouve facilement au coin de la rue.
C’est une femme avec ses enfants qui tentent de vous vendre un bracelet de pacotille, ce sont ces gargotiers qui proposent des tacos sur le trottoir.
Ce sont ces marchands de rue qui exposent des ponchos, des sombreros et autre artisanat local (made in China ??). Bref, c’est tout ce monde de l’économie informelle qui vit en marge de l’autre monde. Celui des gens plus chanceux qu’on voit se balader, en famille, dûment masqués, sur le paseo du bord de mer. Ceux qui peuvent consommer dans les restaurants, monter à bord des bateaux à moteurs qui les emmènent faire la fête le dimanche dans la baie ou encore se pavaner dans de grosses vieilles voitures américaines (avec beaucoup d’égards pour les piétons qui traversent, il faut le souligner)
Mais quelque soit le monde d’où l’on vient, à Ensenada, on ne respire que par le tourisme. Tout le monde se réjouit de voir revenir les immenses bateaux de croisière qui naviguent à prix cassés depuis Los Angeles. Et tant pis s’ils ne sont qu’à moitié pleins. Durant quelques heures vont déverser sur la ville la manne bénie des touristes.
Quelques heures , une douzaine, en moyenne, durant lesquelles, les habitants de la Marina, ceux de Chamade en tête, vont devoir respirer les effluves empoisonnées de ces monstres flottants qui crachent sans discontinuer une fumée noire et dont on entend les générateurs tourber et les haut-parleurs éructer, jusqu’à la sirène libératrice du départ. Le notre aussi approche. Comme les balbuzards, au dessus de nos têtes, nous commençons à tourner en rond. Il est temps pour Chamade de mettre les voiles pour d’autres découvertes. Si la météo se montre moins capricieuse !