Au milieu de la mer plutôt hostile d’Okhotsk (prononcez Orrotsk) la probabilité de rencontrer un bateau est faible. Que celui-ci passe à proximité, c’est encore plus faible. Et que sa route soit exactement contraire à la nôtre, il doit y avoir une « chance » sur 10’000, 100’000… un million… Pourtant ce jeudi, la cible AIS de l’Endeavour est limpide.
Ce bateau de pêche vient exactement en pile face. Le CPA (la distance de croisement) prévue est de 0,01M, soit 18 mètres ! Dans la purée de poids totale qui règne, on ne va pas tenter le diable, on modifie le cap de 15 degrés.
De l’Endeavour, on ne verra qu’une grosse tache sur l’écran radar qui passe finalement à 1km.
Autre probabilité, celle de rencontrer du brouillard aux environs des Kouriles. En juin elle est forte, voire très forte. Hélas cette fois-ci on entre dans les statistiques :
Après une belle première journée au soleil, la chape de plomb nous est tombée dessus. Le vent est faible, la visibilité la plupart du temps nulle.
Moitié voile, moitié moteur on s’enfonce dans une gangue humide et glaciale. L’air est à 5°, l’eau à 2,6°C.
Pas grand chose à faire d’autre que de veiller bien au chaud à l’intérieur, le regard sur l’écran radar.
Mais il y a des moments où on se demande qu’est-ce qu’on fiche par ici ? Qu’elle idée que de venir à la voile aux Kouriles ! Pas de vent, pas de visibilité ! Faut vraiment avoir un grain !
Et puis, soudain, entre deux bancs de brouillard, une vision d’abord fugace… un cône
Un volcan ! Pas doute, les mystérieuses îles Kouriles sont juste devant.