Naviguer en Alaska : en guise de bilan 2012

Si nos récits vous donnent envie de placer votre étrave dans le sillage de Chamade, voici quelques indications concernant la navigation en Alaska et en Colombie britannique.

Climat :

Faut-il en rajouter ? Pluvieux, très pluvieux sur la côte sud-est de l’Alaska… une bonne protection de cockpit est loin d’être un luxe superflu. Notre bon vieux taud a fait une fois de plus l’unanimité de tous ceux qui se sont réfugiés en-dessous !

Plus sec et plus variable dans les Aléoutiennes, mais aussi plus froid.

Nous avons par contre bénéficié d’un été indien exceptionnel du nord de l’île de Vancouver jusqu’à Anacortes. Près d’un mois de soleil ininterrompu dès le début septembre.

Mais on le répète, derrière la pluie se cache une nature exceptionnelle et  les rencontres avec les ours ou les baleines ont vite fait de vous sécher… au moins l’esprit !

Vents :

Aie ! Là c’est le point faible (dans tous les sens du terme). Nous avons battu tous les records du ratio voile-moteur cette année : 436 milles de voile pour 2910 milles de moteur !

Pour simplifier, disons que lorsque le vent est soutenu, il est associé à une dépression qui traverse le golfe d’Alaska. Il est donc de sud-est et, pour nous, contraire. Dès qu’il repasse au nord-ouest il faiblit à 8-10 nœuds, voir rien du tout dans les chenaux de l’Inside passage. Faut-il préciser qu’une fois de plus nous avons apprécié la fiabilité de notre Volvo D2-40.





Marées :

De 2,5 à 5 mètres d’amplitude. Avec surtout dans les dédales de l’Inside Passage des courants spectaculaires (pouvant aller jusqu’à 14 nœuds !) La consultation des tables de marées et courants est donc indispensable. On trouve tout sur le net  (NOAA.gov). Nous avons utilisé essentiellement les prédictions Navionics via notre I-Pad. En Alaska plus que jamais, on navigue montre en main et c’est la mer qui décide de l’horaire de la journée. A priori c’est impressionnant mais finalement, sur le terrain, c’est assez simple à manager.

Météo :

Au large les fichiers grib sont comme toujours excellents. Dans les chenaux les grib ne sont plus vraiment valables. Nous écoutions les bulletins diffusés en continu sur les canaux VHF spécifiques aux USA et au Canada. Mais ces canaux météo ne sont pas captables avec une VHF européenne, même équipés des canaux dits « américains ». Nous avons donc acheté pour 50 dollars une VHF portable Cobra, équipée de ces fameux canaux météos.

Attention à la navigation au sud-ouest de la péninsule alaskienne, où le vent venant de la mer de Béring passe par dessus les montagnes avec un effet catabatique qui peut être très violent. Nous avons eu pendant plusieurs heures plus de 60 nœuds près de Sand Point. Heureusement au portant et avec de l’eau à courir !

Cartographie :

C-map avec Maxsea sur l’ordi de bord et Navionics sur l’I-Pad dans le cockpit. Sans problème, même si dans le nord de l’Alaska et aux Aléoutiennes les cartes ne sont pas toujours très détaillées.

Guide de croisière :

Rien de disponible en mer de Béring et aux Aléoutiennes. (l’exploration existe encore !)

Pour la côte sud-est et la Colombie britannique, les guides de Don Douglass et Reanne Hemingway sont de véritables bibles : « Exploring southeast Alaska » et « Exploring North Coast of British Columbia » parus chez Fine Edge Editions. 60$ le volume, mais largement « worthwhile ».

Formalités :

Sans problème aux USA pour autant que vous possédiez un visa (obligatoire si vous arrivez avec un bateau privé). Les douanes délivrent une « Cruising license » valable un an. Le tout avec le sourire et une extrême politesse. Vous devez toutefois signaler votre passage dans tous les ports « d’importance » comme Kodiak, Sitka, Juneau ou Ketchikan. Cela se fait par téléphone en indiquant le numéro de la « Cruising license ».

Et il suffit de passer deux ou trois semaines au Canada pour obtenir ensuite une nouvelle licence valable un an.

Au Canada, tout se fait par téléphone. Le numéro est indiqué en grand sur tous les pontons. Dans le sud, comme à Sidney, il y a même un téléphone dédié sur le quai.

Ravitaillement :

Eau et diesel dans pratiquement tous les ports. (Diesel à 4$ le gallon, soit environ 1 CHF le litre, excellente qualité) Attention, ne pas demander du gazoil mais du diesel. Aux USA l’essence se dit gas ou gasoline, et la confusion est possible, nous avons entendu quelques histoires !

Aux Aléoutiennes le diesel se trouve aux pontons des pêcheries, quais sur pilotis très hauts, amarrage parfois sportif.

Nourriture : Supermarchés partout. Nourriture américaine (on n’en dira pas plus), plus variée et « européanisée » en Colombie britannique.

Ports :

Au nord, de grandes marinas de pêche. Pontons flottants, eau et électricité à quai. Pas un voilier, que des bateaux de pêche, mais accueil excellent et prix très raisonnable (15 à 25$ plus 5$ d’électricité si souhaité, 110V). Sans compter que le voisin vous offre souvent un saumon.

Colombie britannique : Idem, avec quelquefois des pontons publics gratuits.

Ile de Vancouver et région de Vancouver, Seattle : marinas de plaisance. Les prix grimpent. 30 à 40$, plus électricité.

Dans tous les ports, contacter le harbormaster par VHF pour obtenir une place libre.

Et rappelons que les mouillages sont innombrables et gratuits !

Bilan bateau :

Une fois de plus, aucun problème sérieux avec Chamade. A part le problème de tête de vérin du pilote automatique réparé en mer de Béring, aucune avarie. Moteur, chauffage, électronique… tout fonctionne. On croise les doigts pour la suite. (on entretient aussi, il va sans dire…)

Enfin en guise de conclusion, signalons un dernier danger : l’addiction…

L’Alaskan Amber, c’est la bière locale.

L’essayer c’est l’adopter… et même plus !

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