C’est fait… Chamade flotte à nouveau sans soucis… mais ce ne fut pas sans surprises.
Pas de problème du côté de la sortie du bateau à la grue du chantier de Marinoa.
Mais c’est ensuite que cela se corse : Le démontage de l’ancien presse-étoupe Volvo nous permet de constater que l’arbre d’hélice est très attaqué.
Non pas seulement par l’usure due au frottement du presse-étoupe, mais par une véritable corrosion caverneuse qui s’est produite durant les périodes d’arrêt prolongé. Il ne sert donc à rien de remettre simplement un nouveau presse-étoupe puisqu’il serait irrémédiablement détruit par les rayures de corrosion. Il faut donc changer l’arbre.
Au départ tout est compliqué… Notre ami Nori aidée de notre autre amie Mena font de leur mieux pour traduire… cela semble même impossible… Mais comme souvent « à la japonaise », après un moment kafkaïen, on finit par trouver une solution. Yuuki San, le mécano qui nous a pris en charge, trouve un atelier prêt à nous fournir un nouvel arbre inox de diamètre 30, de le couper à la bonne longueur, de tourner le cône 1/10 où doit s’emboîter l’hélice et de creuser les rainures de clavettes, le tout en 24 heures, pour un prix équivalent de ce que l’on paierait en Europe.
Le lendemain l’arbre est là. Mais les normes japonaises ne sont pas exactement les mêmes que les européennes. L’arbre a un diamètre plus gros de 0,3 mm. Qu’à cela ne tienne, il suffit de meuler un tout petit peu la tête de l’arbre. Est-ce admissible ? Palabres, traductions… hésitations… On va chercher le chef…qui approuve… Le temps file… la journée avance…
Mais finalement tout est en place… on remet à l’eau… et pas la moindre fuite.
Nous voilà rassurés au moment de laisser Chamade en marina pour trois mois.
Reste bien sûr à analyser les causes du problème… seul moyen d’éviter que cela ne se reproduise.
Et là… c’est un peu la loi de Murphy.
La cause première : un désalignement du moteur qui va être fatal au presse-étoupe qui travaille mal, d’autant plus que l’arbre est corrodé.
La cause du désalignement ? Une légère fuite de gasoil à la pompe d’injection. Le gasoil graisse ainsi le silent-bloc qui est juste en dessous et les écrous se desserrent, le moteur étant alors mal soutenu. Et, erreur de raisonnement, j’ai resserré le boulon supérieur au lieu de remonter les écrous inférieurs, augmentant ainsi le désalignement!
La cause de la fuite de gasoil : des joints intérieurs de la pompe qui ont de l’âge.
Il est vrai que le moteur de Chamade a désormais plus de 4000 heures de fonctionnement (l’équivalent de 200’000 km pour une voiture) et qu’une bonne révision s’impose.
Restait à trouver un mécano familier de Volvo (on est ici au pays de Yanmar !)
Pas évident au premier abord, jusqu’à ce qu’on trouve, grâce à Nori, l’équipe de mécaniciens dirigée par Nagasaki San, basée au chantier de Marinoa. Durant notre absence, Yuuki San, l’un des mécanos de l’équipe, viendra à Odo Marina pour faire une bonne révision du moteur. Cela commencera par un bon test de compression. On verra bien ce qui en ressortira… et on croise les doigts.
Seule certitude : nous aurons besoin d’un moteur fiable l’an prochain pour notre programme dans les iles Aléoutiennes. Plus question de procrastiner, il faut s’en occuper.