(Par Sylvie)
C’est tout de même confortable de se retrouver au RMI. Je parle de la Republic of Marshall Islands, où on vit certainement avec beaucoup moins que le Revenu Minimum d’Insertion, mais où tous les services publics et privés, sont assurés. Merci à l’Oncle Sam qui, après avoir utilisé l’atoll de Bikini, pour ses essais nucléaires, fournit 70 millions de dollars par année à la jeune République (indépendante depuis 1986) dont il garantit toujours la défense et la sécurité et où il garde une base militaire, à Kwajalein pour essayer ses torpilles. Nous sommes prévenus : lorsqu’on arrivera aux environs de cet atoll, il faudra écouter la radio pour éviter de se faire torpiller.
A Majuro, capitale de la RMI, nous sommes donc dans un fief américain où la monnaie nationale est le dollar. Rien d’étonnant donc si cette ville installée sur un motu en forme de haricot d’à peine 20 km de long et 250 mètres de large, ressemble – en plus délabré- à une quelconque ville du middle-west. Une route principale, bordée de bâtiments administratifs imposants, d’entrepôts, de commerces et de supermarchés, de quincailleries chinoises, entre lesquels subsistent des habitations en dur, bien des gourbis et où se dressent, toujours bien mises, 14 églises (d’obédience différente) et une mosquée.
On découvre donc un mélange étonnant d’efficience et de nonchalance, d’occident et d’orient, sur ce haricot où s’entassent 30’000 Micronésiens, Chinois, Coréens, Philippins. Sans oublier les descendants des premiers colons Allemands. Majuro fut un de leurs comptoirs dans le Pacifique, avant d’être occupé par les Japonais, en 1914 puis « libéré » par les Américains, en 1945.
Marc a donc facilement trouvé un dentiste (pour se faire limer un bout de dent cassée), dans l’arrière- boutique d’une épicerie chinoise qui faisait aussi coiffeur. Personne ne l’a obligé à se faire couper les cheveux, ni à acheter des galettes de riz, en attendant le docteur qui était occupé ailleurs, mais qui a rappliqué très vite, sur appel téléphonique du commis de la boutique. Travail bien fait : 20 dollars payés (sans reçu) à la caisse de l’épicerie.
Si les dentistes sont rares (un à l’hôpital et le nôtre), les chauffeurs de taxis, en revanche pullulent. Normal. Tout le monde se déplace en taxi pour le tarif unique de 75 cents par personne. Tout l’art du chauffeur étant de remplir à ras bord son véhicule, en s’arrêtant tous les 15 mètres s’il le faut, pour rentabiliser la course. Tout se passe de façon très bon enfant. Les gens rient beaucoup et semblent ne jamais se fâcher. Mais dans une ville on entre peu en contact avec les habitants, surtout quand ils parlent un anglais qui doit être l’équivalent du créole. Dommage. Mais nous aurons tout de même bien profité des commodités de Majuro, pour bouffer des méga-bites d’internet, nous reposer et jouer un peu aux citadins.
P.S : A Majuro, même perdus au milieu du Pacifique, nous ne sommes pas coupés du monde et cela grâce à Internet. Nous avons donc suivi avec effroi la barbarie de Charlie Hebdo et des autres tueries. Nous en restons sans voix, mais pas sans de multiples interrogations sur l’évolution de plus en plus absurde de la planète.