Le méthanier « Eduard Toll » vient de réussir la première traversée hivernale du passage du Nord-Est, et cela sans l’aide d’un brise-glace.
Ce navire fait partie d’une nouvelle génération de méthaniers capables de briser des glaces d’une épaisseur de deux mètres.
Cela suffit désormais vu l’amincissement de la banquise dans l’océan Arctique par suite du réchauffement climatique.
Une première qui est surtout un nouveau pas majeur sur l’échiquier du « Big game », le grand jeu stratégique et énergétique qui se joue depuis une dizaine d’année dans le Grand Nord.
Les deux pas précédents avaient été d’abord l’ouverture de la première usine de liquéfaction de gaz naturel sur la péninsule de Yamal en été 2017 et la première traversée sans escorte, l’été dernier, du méthanier « Christophe de Margerie » du nom de l’ancien CEO de Total, mort dans un accident d’avion à Moscou en 2014.
L’objectif des Russes : Exploiter les énormes gisements gaziers découverts dans la péninsule de Yamal et en exporter la production vers de nouveaux marchés, particulièrement le marché chinois.
D’ailleurs, le consortium chargé du projet Yamal LNG est à capitaux russes (60%), français (Total, 20%) et chinois (20%).
C’est pour la Russie, le moyen de sortir de la dépendance du marché européen pour ses exportations de gaz. Mais pour cela, à défaut de gazoduc transsibérien, le seul moyen, c’est la route maritime. Une route qui doit être ouverte toute l’année. C’est fait et gageons qu’on ne reviendra pas en arrière.
Pour ceux que cela intéresse, les explications que j’ai données dans l’émission « Tout un monde » sur La Première, la radio suisse de service publique.
Voire aussi le reportage que j’ai effectué en 2007 intitulé « Fluide glacial, une ruée vers l’or noir en pleine nuit polaire ». A noter que depuis, suite à la baisse des cours de l’or noir et du gaz, le projet Shtokman n’a toujours pas été mis en œuvre. https://www.chamade.ch/fluide-glacial/
Torchère de l’usine de liquéfaction d’Hammerfest en Norvège
