Quand Vulcain reprend la main

(Conte minéral)

Il était une fois un océan qui somnolait tranquillement sous son sombrero. Mais pour s’éviter les frimas de la nuit, il s’était mis plusieurs couches, les unes sur les autres, et tout était bien.

Mais ce que l’Océan ne savait pas, c’est que son voisin du dessous était du genre turbulent et même explosif. Un soir, un peu déprimé alors qu’il avait un peu bu, le voilà qui avait explosé de colère et défoncé littéralement le plafond.

Il avait décidé de reprendre la main.

L’océan, un peu interloqué n’avait pas voulu laisser passer ça, mais il avait eu le tord de faire dans la provocation en lui montrant son…

Au lieu d’excuses ou de réparations, tout ce qu’il avait obtenu, c’était juste un doigt d’honneur.

L’océan avait perdu la face, il était retourné dans ses profondeurs laissant ses couches à la merci de son voisin, qui avait fait appel à son copain Erosion pour assoir définitivement son pouvoir et modeler son jardin à son goût.

Et ma foi, il faut avouer que s’il était parfois un peu excessif et brutal, il lui arrivait de faire dans la dentelle…

Et ne manquait pas de goût dans ses choix de couleurs.

Il aimait les contrastes…

Lisait Stendhal à ses heures

Jouait des roses et des verts de gris

Et quand il manquait du blanc sur sa palette, il faisait appel au guano de ses amis les oiseaux

Restait donc pour nous à se glisser dans ce jardin

En se disant qu’on était loin des combes, des plissements et des rondeurs du Mont Tendre. De quoi penser aussi à notre amie Catherine, cette géologue au long cours qui a posé son sac à la Vallée.

Et histoire de lui montrer qu’on a retenu (au moins en partie) ses leçons faites de synclinal et d’anticlinal, on dira en deux mots que toute la péninsule de Basse Californie n’est rien d’autre que le résultat de la subduction, celle de la plaque du Pacifique qui plonge sous celle d’Amérique, créant ainsi quelques belles failles, comme celle de San Andréas qui menace San Francisco.

Ainsi dans cette région aride, quasiment sans végétation, le spectacle est total, c’est le régal pour les yeux et si tout semble désormais endormi et laissé à la merci de l’érosion, parfois au détour d’un promontoire, le magma se rappelle à notre souvenir en laissant fuiter sa bonne chaleur

Source chaude de Baia San Cosme

Et si vous rêvez de fonds plats, il reste quelques lagunes, quelques salars, quelques micro-déserts de sel pour vous reposer le corps et les yeux.

2 commentaires

  1. Björn et Marguerite Répondre

    Magnifique illustration de vos belles photos. Bon vent pour la suite.

  2. Neyroud Favre Répondre

    Superbes photos et commentaires passionnants ! J’adore. Bonne route

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