Namu (51°51N / 127°52W)
« Autrefois une grande conserverie de poisson (une cannery, comme on dit par ici) Namu est abandonnée depuis 1993 et deux tentatives pour relancer les affaires ont échoué. Mais les gardiens du site ont entrepris d’aménager des pontons et accueillent les bateaux de passage » (Extrait de notre guide de
navigation).
Au détour de l’îlot qui ferme la baie, le moins qu’on puisse dire c’est que ça a l’air décati. 2 pontons flottants ainsi qu’une maison, elle aussi flottante, sont amarrés au pied des quais sur pilotis qui entourent la conserverie dont on pourrait croire qu’elle a subit un bombardement.
Sur le ponton une femme qui n’est plus de première jeunesse nous gratifie d’un « hi » et nous met en garde… attention à ne pas aller n’importe où, les planches des quais sont en grande partie pourries. A l’entrée de la maison, un homme hirsute sirote une bière… On tourne les amarres en se disant qu’on ne va pas y faire long feu…
Mais surprise, à peine partis explorer les restes de l’usine qu’on découvre des plates-bandes immaculées, des fleurs, quelques légumes… une serre flottante aussi…
Plus loin, une boutique abandonnée et son stock intact de centaines de filtres à huile, de courroie de transmission, de produits de nettoyage… mais aussi d’un stock de bouquins de poche et de magazines datés de l’an 2000. Un invraisemblable fatras laissé en plan, mais intact, sous la surveillance des « gardiens ». Depuis près de 20 ans ne vivent ici que les gardiens payés par la compagnie pour surveiller l’usine abandonnée.
Actuellement Rene (prononcez Riinii à l’américaine) son mari Pete et son amie d’enfance Theresa : 10 ans qu’ils gardent les restes de Namu, ses quais, ses ateliers, son magasin et ses maisons laissées à l’abandon. Avec une passion pour ces dames : l’horticulture.
Sous le regard bon enfant de Pete, qui a passé 40 ans sur un remorqueur, à assurer des convois de Vancouver à Tuktoyaktuk, au
cœur du Passage du Nord-Ouest. Des navigations parfois d’enfer, en plein mois de septembre, par le détroit de Béring et la mer des Tchoutchkes… Quelques souvenirs donc à échanger… avant que nous repartions avec du saumon et du hareng fumés par ses soins.
Pas de téléphone, pas de magasin… une fois par mois 2 heures de canot moteur pour aller chercher le courrier à Bella Bella et y faire quelques courses…
Mais tout a une fin et cet automne les 3 « Namiens » s’en iront à la retraite. Ils ont acheté un bout de terrain dans la baie déserte de Lizzie Cove (à 20 minutes de canot de Bella Bella), pour y passer leurs vieux jours et continuer de s’occuper de leurs plantes dont ils mettent en pot les plus belles pour les emmener là-bas.
Quand au déménagement : rien de plus simple. Un remorqueur est déjà commandé. Cet automne il viendra prendre en remorque la maison, la serre, les pontons et l’atelier flottant. Le lendemain, ils flotteront dans leur nouveau paradis…
Elle n’est pas belle la vie dans les dédales de la « Central coast » de Colombie britannique?