C’est décidé. Chamade reste à Nome…et nous aussi. Parce que nous avons trouvé un job en or : « goldminer ». Bon d’accord il y a de la concurrence : une quarantaine de barjos qui draguent devant le port dans des barges munies de gros aspirateurs, sans compter les dizaines de types qui en été transforment la plage de Nome en bidon ville africain, à la recherche des pépites qui dorment dans le sable. Mais chacun sa chance. Il y a de la place pour tout le monde, depuis qu’en 1898, trois Scandinaves ont découvert le filon de Nome
Donc, pris nous aussi par la fièvre de l’or, nous avons troqué Chamade pour un nouveau bateau adapté à notre nouvelle profession
Nous avons trouvé un logement, pas trop grand mais tout confort, avec vue sur la mer
Et nous tout de suite plongé dans l’Alaska way of life en enfourchant un quad et Marc en mal de performance sportive a décidé de s’inscrire pour le Iditarog Trail Sled Dog Race qui se tient le premier samedi de mars : 1600 kilomètres de Willow à Nome.
A Nome (4000 habitants et 14 églises ou missions religieuses), nous avons débarqué dans le far-(nortwest du début du 20ème siècle. Celui qu’a dû découvrir Amundsen qui s’y est arrêté en 1906, après avoir franchi le passage du Nord Ouest : des bicoques en bois, avec autour un foutoir innommable, des hôtels et des saloons, tout le long de la First avenue qui mène au port, des « Natives » Inuits et des cow-boys version grand nord venus chercher fortune sur la plage, dans la rivière du Serpent (Snake river). En solo ou pour le compte des premières compagnies minières, aujourd’hui disparues, laissant à la postérité les squelettes rouillés de dragues géantes qui gisent dans la toundra, en bout de piste de l’aéroport très fréquenté de Nome.
Ici les petits avions (et quelques gros) décollent et atterrissent à longueur de journée. Il faut dire que Nome n’est accessible que par les airs. Les trois routes d’une centaine de kilomètres qui partent de la ville se perdent dans la montagne et sa réserve naturelle ou conduisent à deux villages inuits. Donc, no way. Il faut voler pour rallier ce lieu, qui doit son nom à une erreur de transcription. Sur les cartes ramenées en Angleterre par les explorateurs du XVIIIème siècle on avait bien répertorié un cap au sud du détroit de Béring dont l’absence de nom était mentionnée très explicitement par un « name ? ». Un cartographe bigleux a cru lire Nome au lieu de « name » et l’erreur est devenue un certificat d’authenticité.
Remarquez que pour nous Nome reste un point d’interrogation, une élucubration dont les Etats-Unis ont le secret, une autre dimension. « Nothing like Nome » dit le slogan de l’office du tourisme. Cette fois nous ne crierons pas à la publicité mensongère. Il n’y a rien de semblable à Nome. Et ça nous plaît bien.