Nous sommes arrivés tout sourire à Yeosu. Heureux de cette belle croisière dans les îles du sud et heureux de découvrir la meilleure marina de Corée. Et pour cause, elle a ouvert ses portes il y a tout juste 8 mois.
Pontons flambants neufs, protection parfaite au fond de l’immense baie de Yeosu, la Saekyung Marina est l’endroit idéal pour y laisser Chamade quelques mois aux bons soins d’une équipe de jeunes managers souriant et, qui plus est, parlant anglais. A peine les amarres tournées aux taquets qu’on bénissait notre ami Joon de nous avoir recommandé d’hiverner ici.
Mais le lendemain, l’ambiance tournait à l’aigre. Les autorités portuaires et l’immigration nous tombaient littéralement dessus. Pourtant, comme partout ailleurs, notre ami Joon avait procédé aux formalités habituelles avec les douanes et les coast guard. Mais à Yeosu cela ne suffit pas. Ici, avec deux superyachts russes venus chercher un abri pour l’hiver, nous sommes les premiers étrangers à venir séjourner dans la marina. Les autorités, ne sachant pas trop comment faire, ont décidé d’appliquer la procédure valable pour les cargos, et cela à la lettre ! Pour elles, à chaque escale, comme les cargos, ne devrions refaire des formalités avec les douanes, l’immigration, les coast guard et les autorités portuaires. Et peu importe que nous ayons une autorisation de séjour valable 3 mois tamponnée dans nos passeports. Une procédure totalement inadaptée aux yachts et qui fait qu’à Busan ou à Tongyeong, les autorités ont adopté une procédure simplifiée (si l’on peut dire vu qu’il faut quand même à chaque fois s’annoncer aux douanes et aux coast guard).
Si l’affaire se règle rapidement avec les autorités portuaires, avec l’immigration c’est une autre histoire. Nous voilà convoqué au bureau à l’autre bout de la ville. Nous y allons avec l’équipe de la marina qui tente de démontrer notre bonne foi, d’expliquer que même eux ne connaissaient pas la procédure… rien à faire. Nous voilà obligé de signer un document entièrement en coréen, dans lequel nous reconnaissons notre « culpabilité ». Impossible d’obtenir une traduction. Les fonctionnaires sont détestables et d’une arrogance incroyable. Et quand on demande au moins une copie du document qu’on vient de signer, refus. On est là dans l’abus d’autorité le plus total, mais que faire ? Sinon payer. 160’000 wons d’amende (160$) ! Et on s’en tire bien puisque les 2 superyachts russes (pourtant accompagnés d’un agent maritime coréen, mais ignorant lui aussi la procédure à Yeosu) se retrouvent condamnés à 1 million de won d’amende (1000$).
Et dire que nous sommes dans une marina qui fait partie d’un immense projet décidé et financé par le gouvernement pour développer la plaisance en Corée du sud. Dire que ce même gouvernement a décidé d’agrandir cette marina toute neuve pour en faire un immense complexe maritime et hôtelier d’ici 2020. Et que la venue de yachts étrangers (notamment les Russes qui ne peuvent laisser leur bateau à Vladivostok en hiver) est un moyen de rentabiliser ce projet. Mais l’administration n’en a cure et la main gauche ignore ce que fait la main droite.
On croyait que les formalités étaient compliquées au Japon, mais en Corée c’est encore pire, et à Yeosu c’est tout juste le délire. A bon entendeur !
Nous, on est allé se consoler avec Victor, le capitaine du yacht russe « My Issue ». Lui aussi vient d’arriver à Yeosu pour l’hiver.
Victor qui nous cuisine un excellent « borch » avant de nous faire visiter de son yacht de 27 mètres. Son boss, le patron d’une grande entreprise de pêche, est à la maison à Vladivostok. Victor espère pouvoir rentrer lui aussi auprès de sa femme et de son fils pour les fêtes de fin d’année, avant de convoyer « My Issue » vers une autre destination donnée par son propriétaire.