T’as le bonjour de l’ours!

Eh bien voilà une bonne chose de faite : nous sommes au Canada, à l’entrée du passage du Nord-Ouest. La traversée de la baie de Baffin s’est déroulée sans difficulté, un peu au moteur et beaucoup à la voile.

C’est ainsi que nous sommes arrivés au Havre de Dundas (74°31N-82°12W) sur le coup de midi, vent arrière, avec un petit génois, trois ris dans la grand-voile (ça soufflait tout de même fort à entrée du Lancaster Sound) et la gueule de bois. Parce que trois jours de haute mer, qu’on le veuille ou non ça vous donne la gueule de bois, à cause des vagues, du Stugeron, des dodos entrecoupés par les manœuvres, des quarts, des dodos entrecoupés, des quarts, du Stugeron, de la houle et ainsi de suite jusqu’au mouillage. Je parle en tant que simple membre d’équipage, faut-il le préciser. Mais bon, nous avons vite retrouvé notre tonus dans le cadre austère, mais néanmoins grandiose de notre mouillage, une baie circulaire où s’en va mourir un glacier entre deux montagnes pelées et une plage presque bretonne (en hiver). Un vrai désert aux tons gris acier adapté au ciel et aux circonstances. Car figurez-vous – nous l’avons appris par une informatrice très au fait- que le Canada a convié les Etats-Unis et le Danemark à des manœuvres militaires dans la baie de Baffin. Mais nous n’avons croisé aucun destroyer durant la traversée, juste un petit bout de banquise au loin et pas mal d’icebergs égarés.

Qu’importe, nous avons fait comme d’habitude dans les contrés polaires : pour aller à terre, nous avons sorti le fusil. Pas pour les manœuvres militaires, mais pour l’Ours.

L’improbable Ours blanc… qui a tout de même tenu à nous souhaiter la bienvenue au Canada. A l’heure du dîner, alors que nous fêtions tranquillement l’anniversaire de Stéphane Goyette (le climatologue de l’uni de Genève qui nous accompagne), Marc l’a vu pointer sa truffe à la nage, avant qu’il rejoigne le rivage. Un invité surprise que nous avons été enchantés de saluer de loin, à l’abri de Chamade…