Le brouillard a commencé à nous fausser compagnie, en vue de l’île de Catalina qui au soir tombant nous offre un abri sûr, dans une sorte de fiord, pas trop fréquenté.
Au matin, nous nous réveillons dans un curieux désert montagneux et aride. Un vrai décor de western hollywoodien.
D’ailleurs, les cowboys ne sont pas loin. Les voilà qui débarquent du ferry, près de la petite plage artificielle de Isthmus Harbor. Sans armes, mais avec bagages et chevaux.
Ils sont 120 cowboys, venus des terres du sud de la Californie. Y-a-il une femelle dans ce troupeau de mâles à Stetsons ? Non ? Ah si, il y en a deux, deux jeunes cow-girls invisibles, comme il se doit. Et tout ce beau monde s’en va retrouver son cheval, transporté par barges jusqu’à Catalina, puis par van jusqu’au lieu de départ. Imaginez, une centaine de chevaux embarqués pour une traversée de 4 heures, avec tout le matériel nécessaire à leur entretien, sans compter la nourriture des animaux et des humains. Et les cowboys ça mange et ça boit beaucoup de bière que les chevaux. « Yes big logistic », confirme un Buffalo Bill un peu bedonnant. Mais qu’importe si nos amis équidés ont le mal de mer, qu’importe s’il faut utiliser une armada de chevaux moteurs et griller des tonnes de fuel, pourvu qu’on s’amuse à rejouer pendant quelques jours la Chevauchée fantastique, à 80 km kilomètres d’Hollywood !
Veillées viriles autour d’un feu de camp balisé et parfaitement réglementaire (parce la végétation sèche de Catalina est hautement inflammable), nuits sous tente et la caravane des cowboys repartira au soleil levant, à travers les pistes de terre rouge et les canyons bordés de cactus qui sillonnent les reliefs arides de Catalina ( il n’y a aucune route asphaltée dans l’île ). Arides et dangereuses parce que peuplées d’animaux sauvages. Ben quoi ? Il faut bien un peu d’adrénaline pour faire rêver les cow-boys!
Alors, attention! Attention aux bisons futés qui n’ont certainement pas traversé le golfe de Santa Catalina à la nage, mais ont pris l’itinéraire bis (la barge) que leur imposait le tournage d’un western muet, « the Vanishing America », en 1924. Attention aussi aux serpents à sornettes, pardon, à sonnettes, qui peuvent vous mordre sans sonner et pire encore, aux feuilles de chênes qui vous empoisonnent en provoquant de terribles allergies. Terrific, la wilde life à Catalina. Il y a aussi des sangliers, des bald eagles (pygargues à tête blanche, symbole de l’Amérique), de féroces tiques qui vous refilent la maladie de Lyme, et si l’on n’y trouve aucun coyote famélique, le renard du coin vous guette, camouflé dans la broussaille assoiffées.
Hé ! On t’a vu Goupil, sort de ton trou, pour la photo ! Mais lui aussi nous a vu, et il a pris la fuite devant nos gueules de marcheurs fatigués, par trois heures de marche et 450m de dénivelés cul sec.
C’est ce qu’il faut pour atteindre les crêtes et se repaître du spectacle, si loin et si près de la très touristique ville d’Avalon, où résident la plupart des 4000 habitants permanents de l’île.
Au dernier jour de leur folle aventure, club des Lucky Luke, s’offrira une soirée country, avec banjo et square danse, dans la plus pure tradition du Middle west. Puis la semaine suivante, ce sera au tour des pirates et des flibustiers de débarquer à Catalina pour un nouvel « event « . Ils rejoindront pour faire la fête, les propriétaires de bateaux alignés sur des bouées dans des superbes criques privatisées par des clubs de plaisanciers et autres amateurs de sports nautiques.
Car à Catalina, business et nature font bon ménage. « Preservation, Education, recreation (loisirs) sont les 3 principes de l’ONG, Catalina Island Conservancy. Crée dans les années 70, l’organisation possède aujourd’hui 88 % des terres de l’île (héritées en bonne partie d’un magnat du chewing-gum). Elle encadre de règles strictes le tourisme et les loisirs qui permettent de financer ses activités, elle organise des treks et des séminaires pour sensibiliser les gens au respect de cette nature qu’elle a su préserver, quitte à faire un peu de cinéma.