Seward, ça ressemble à ça quand il fait gris ( c’est à dire 6 jours sur 7).
Mais quelque soit le temps, l’industrie touristique tourne à plein régime et la logistique yankee, même pour le tourisme c’est quelque chose.
Une armada de bateaux charters qui embraquent les passionnés de wildlife pour un tour dans la baie de la Résurrection ou dans les fjords du Kenai, au pied des glaciers. Et qui lorsqu’ils sont remplis de bipèdes en shorts ( oui, peu importe la température et le lieu à visiter, quand l’été arrive on se met obligatoirement en short), en K-way et en casquettes, enclenchent leur haut-parleurs pour tout leur expliquer discrètement. Où ils vont, des fois qu’ils auraient oublié pourquoi ils sont là, qu’est-ce qu’ils sont sensés voir, parce qu’avec le brouillard rien n’est jamais certain, et surtout à quelle heure ils vont pouvoir rentrer bouffer… Et puis vroom…vroom, le bal commence. Les professionnels de la wildlife ne lésinent pas sur le fuel, ni sur la pollution sonore.
Tous les deux jours arrive un paquebot du genre vacances à Sarcelles dans mon HLM. Les boutiques de souvenirs se remplissent, les shuttles gratuits qui mènent à l’aquarium ( payé par les dommages et intérêts versés par l’Exon Valdes, ce qui est la moindre des choses) se multiplient comme des petits pains et sont pleins comme des œufs.
Comme un jour c’est beaucoup pour visiter Seward, son port et son down town, épargné par le tsunami de 1964 on voit les touristes de Sarcelles sur mer errer comme des perdus sur dans le port, photographiant à tour de bras, les trois loutres de mer pour qui la wildlife se trouve au ras des pontons et qui semblent avoir été payées ( sans doute en poissons) pour l’attraction.
Last but not least, nous sommes en plein transhumance vacancières Une vraie désalpe de quatre six ou même huit roues XXL qui investissent les aires de camping. Moi qui ne suis pas une spécialiste de la chose, je reste scotchée par le spectacle. Il y a ceux qui hissent leur habitat de vacances sur leur truck, ceux qui la tire, ceux qui tirent leur truck avec leur camping car pour pouvoir se déplacer autour de leur camping car géant. Enfin il y a ceux qui optent pour le camping bus, avec balcon. Et tout ce beau monde s’installent, avec « pets » et enfants, générateurs, bonbonnes de gaz, tentes de protection, vélos et attirail de pêche, dans des campings aux allures de gares routières..
Freedom Wilderness, chacun affiche sur sa caravane l’esprit qui l’anime. La liberté de s’installer dans les pires endroits, ok. Mais .Wilderness ??
Chouette les vacances sous la pluie, collés au voisins, entre mer et bitume Pour rien au monde on voudrait perdre sa place dans ce paradis, Surtout les habitués du week-end, venus d’Anchorage ( 3 heures de voiture) qui utilisent la bonne vieille politique de la chaise vide pour marquer leur territoire.
On regarde la mer, le soir on allume son feu dans un tonneau devant la maison et surtout, surtout on pêche. Que diable, c’est pour ça qu’on vient passer des vacances à Seward.
Et qu’est ce qu’on fait quand on ne pêche pas ? On regarde les autres pêcher. En rêvant la fête du 4 juillet, aux feux d’artifices au « Mountain marathon race » (1000 mètres de dénivelé) et la la folie collective qui paraît-il s’empare de Seward lors de l’Independence day. Fatiguant, la widelife !
Attention, c’ est ma perception tout à fait subjective. Je n’ai pas vu tous ceux qui sont partis escalader les glaciers ou camper à leurs pieds avec leurs kayak. Car il y, à en croire les guides touristiques, Seward, c’est le must de l’Alaska qui commence ici, affirme le slogan.